Annie Bascoul investit le musée Borely à Marseille en insérant de manière subtile ses œuvres réalisées en dentelle. Elle remet à l’honneur les savoir-faire anciens qu’elle perpétue en composant des œuvres à l’échelle de l’architecture. Certaines s’inspirent des formes de robes et des fleurs et renvoient à l’art des jardins et à la mode.
Son installation, un somptueux Moucharabieh nous convie à traverser la dentelle pour entrer dans une pièce intime, entre intérieur et extérieur. L’artiste puise ses références dans les œuvres du peintre Watteau et la mode du 18e siècle. Elle crée Jardin de lit, lit de jardin, œuvre d’une grande finesse qui nous transporte dans un monde merveilleux. Au sol, un poème se découvre, écrit en fil de laiton. Des fleurs d’ancolies géantes en tarlatane complètent cet univers féérique. Les œuvres composent un monde à la fois fragile et onirique. Des références à des histoires, à des contes, à des images de paysages enchanteurs surgissent au fur et à mesure de la découverte des sculptures d’Annie Bascoul. « Mon ambition est de révéler une idée de la beauté qui rime avec rêve et poésie et tendre enfin à provoquer une émotion. L'émotion éprouvée devant une présence singulière. » explique-t-elle. Ses sculptures et installations jouent avec les ombres et la lumière et créent un moment suspendu, invitant à des souvenirs de promenades dans un jardin.
Dans le salon doré, elle présente des sculptures de robes qui font écho aux paniers et crinolines de la mode de l’époque du 18e siècle. Des designers et artistes ont également proposé des services de tables et des objets pour la salle à manger. Ils revisitent les motifs de topiaires et de formes de la nature. Sa robe crinoline jardin possède des motifs de parterres de broderies à la Française. Les œuvres d’Annie Bascoul font écho aux jardins, lieux de promenades, de contemplation et d’expériences esthétiques. Chacune se fond dans le décor de cet ancien château dont les collections sont dédiées à la mode et à la céramique.
Ses livres d’artistes nous invitent à découvrir la délicatesse de son travail sur papier. Annie Bascoul a également réalisé une installation à partir de projections d’images issues des tableaux d’Antoine Watteau et revisite la figure du Pierrot à l’aide de la dentelle de papier. Ses œuvres témoignent de l’évolution de l’intérêt pour l’œuvre de ce peintre du 18e siècle.
Son installation Aux marches du palais est composée d’un lit décoré de pervenche en dentelle de Tulle et dont les pieds sont réalisés à l’aide d’une imprimante 3D. L’artiste associe les méthodes anciennes avec les nouvelles technologies et donne leurs lettres de noblesse aux savoir-faire liés au textile. « L’utilisation de fils tels que le laiton par exemple pour les robes répond aussi à cette nécessité d’aborder la dentelle autrement, de manière contemporaine avec des matériaux différents et qui obligent l’artiste à contourner, à changer, à revisiter la technique de la dentelle aux fuseaux tout en s’en inspirant toujours. » précise Annie Bascoul. Elle a aussi conçu un ensemble de chaussures, inspirées de celles traditionnelles de différents pays, avec une imprimantes 3D. Ces œuvres sont à la croisée de la mode et de la sculpture.
Dans les salles du département Mode, des créations de stylistes influencés par l’œuvre de Watteau sont mises en lumière. Leurs motifs, tissus, formes et textures créent un lien avec l’œuvre de la plasticienne. Annie Bascoul a également réalisé une robe, recouverte de calcaire, par une fontaine pétrifiante.
Cette exposition est conçue comme un cheminement à travers les arts, les savoir-faire issus de différentes périodes de l’histoire de l’art. Elle nous invite à découvrir la diversité de réalisations que permet la dentelle et nous conduit dans un univers poétique dont les œuvres sont ouvertes à de multiple interprétations. Annie Bascoul renouvèle l’approche de la technique de la dentelle et joue avec les références d’histoire de l’art, de la mode et des jardins afin de créer des sculptures, installations, dessins et livres d’artistes d’une grande sensibilité. Celles-ci proposent de vivre des expériences esthétiques qui nous emmènent vers un espace-temps poétique et à songer à des souvenirs de promenades dans des jardins.
Pauline Lisowski
Exposition jusqu'au 25 avril au musée Borely, Marseille
Encore une exposition que j'ai pu visiter sur rdv pour les professionnelle
Sortilèges au château. Annie Bascoul
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Jardin de lit - lit de jardin, Moucharabieh, dentelle, photo de David Giancatarina.