Larissa Fassler porte son attention sur les zones de passages et dévoile les strates qui se superposent dans les espaces urbains fortement fréquentés. Elle explore de manière très fine les lieux traversés et met en évidence l’influence de l’architecture sur nos comportements de citadins.
En parallèle de son exposition personnelle à la galerie Jérôme Poggi (désormais terminée), l’artiste expose une série d’installations, de maquettes et d’œuvres sur toile à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, où elle fut en résidence. Elle propose aux visiteurs de collaborer à une carte dans laquelle elle recueille les sensibilités des habitants et des passants à leur environnement urbain.
Elle s’est intéressée aux Halles avant leur réhabilitation et propose une maquette à travers laquelle elle restitue les particularités architecturales de ce centre névralgique de Paris où circulent des flux d’habitants, jours et nuits.
La gare du Nord fut également un de ses terrains d’arpentage. Elle dresse un plan à la mesure de son corps (1 pas = 1 mètre). Des motifs se laissent deviner sur ses œuvres, issues de ses observations des personnes qu’elle croise lors de ses déambulations urbaines. Cette œuvre condense une diversité d’informations qu’elle a glanées au fur et à mesure de ses déplacements.
Une maquette Alexanderplatz occupe un espace au sol et nous invite à tourner autour pour appréhender les multiples détails que l’artiste a représentés. Elle a expérimenté ce lieu labyrinthique afin de restituer en volume ce qui lui paraissait accessible. Au mur, en résonnance, elle présente une œuvre réalisée à partir de son expérience de la place Kottbusser Tor à Berlin. Elle a relevé un répertoire d’éléments visuels en photographies, qu’elle a ensuite utilisé pour composer un collage numérique. Larissa Fassler prend le temps de restituer la quantité de signes graphiques, de sensations et de données qu’elle a observés.
Durant sa résidence, elle a remarqué que le bâtiment qu’occupe le centre d’art est l’un des seuls qui a résisté à la guerre. Celui-ci témoigne d’un style architectural qui dénote par rapport aux ensembles qui furent construits selon un Plan d’Urbanisme. À l’intérieur des volumes qui simulent les immeubles, elle a fait graver des motifs présents sur les vêtements des personnes qu’elle a rencontrées lors de ses cheminements dans la ville. Nous sommes invités à circuler autour de ses maquettes à l’échelle 1 Noisy-le-Sec Sculpture et à nous figurer le quartier du centre d’art contemporain. L’installation résonne avec l’architecture de La Galerie et ses colonnes qui créent des passages, en écho aux tissus urbains des villes.
Les œuvres de Larissa Fassler sont constituées de strates d’informations sensibles qu’elle recueille avec attention et d’éléments qui restituent l’espace urbain qu’elle a arpenté telle une topographe qui effectue des relevés de terrains.
Pauline Lisowski
Larissa Fassler, exposition personnelle Tissus urbains
La galerie, Noisy-le-Sec
Jusqu’au 10 juillet 2021
Visite sur rdv
Vue de l'exposition "Tissus urbains" de Larissa Fassler, La Galerie, Centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec, crédit photo : Aurélien Mole
Larissa Fassler, Collective drawing, 2020-2021, Vue de l'exposition "Tissus urbains" de Larissa Fassler, La Galerie, Centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec, crédit photo : Aurélien Mole, courtesy de l'artiste et de la galerie Jérôme Poggi, Paris
Larissa Fassler, Les Halles (tricolores), 2011, Vue de l'exposition "Tissus urbains" de Larissa Fassler, La Galerie, Centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec, crédit photo : Aurélien Mole, courtesy de l'artiste et de la galerie Jérôme Poggi, Paris
Vue de l'exposition "Tissus urbains" de Larissa Fassler, La Galerie, Centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec, crédit photo : Aurélien Mole
Vue de l'exposition "Tissus urbains" de Larissa Fassler, La Galerie, Centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec, crédit photo : Aurélien Mole
Larissa Fassler, Noisy-le-Sec sculpture, 2020, Vue de l'exposition "Tissus urbains" de Larissa Fassler, La Galerie, Centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec, crédit photo : Aurélien Mole, courtesy de l'artiste et de la galerie Jérôme Poggi, Paris