Chaque trouvaille déclenche un geste artistique dans la pratique de Magali Lambert. Sa curiosité pour ce qui est laissé à l’abandon l’amène à s’intéresser à la valeur des objets et des images. Des découvertes de taxidermies abimées qui lui furent confiées ont suscité des questionnements sur la domestication des animaux au service de l’être humain. Avec humilité, grande sensibilité et tendresse, l’artiste remet l’animal sur un piédestal, lui redonne une dignité, sa liberté et fait ressortir ses traits de caractère. Elle entretient peu à peu un dialogue avec ces figures animales maintenues dans une attitude figée, à l’image de trophées ayant subi les ravages du temps, pour être ensuite abandonnés. Telle une magicienne, elle leur crée une parure, une armure, une protection étincelante à l’image d’un pouvoir qui les rendrait plus forts vis-à-vis de possibles agresseurs.
Cette nouvelle couverture, d’apparence précieuse est le fruit d’un long et patient travail digne de l’orfèvrerie. Magali Lambert a pris soin d’associer des photographies tirées sur papier brillant, relatives au régime alimentaire de chaque animal dont elle restaure une posture. Celui-ci acquiert alors une puissance d’agir, une sorte de magie qui suscite notre curiosité. En nous approchant, chaque élément naturel photographié se donne à voir : différents états de feuilles et fleurs qui se décomposeront en humus au fil des jours.
Ainsi, prenons le temps de ne pas nous fier à la première apparence afin de nous interroger sur la signification de chaque choix de l’artiste plasticienne.
Pauline Lisowski
