Le galeriste Alain Gutharc a l’habitude d’établir des relations entre l’art contemporain et le design avec notamment l’organisation d’expositions collectives. Celle-ci rassemble à la fois des œuvres d’artistes contemporains et de designers qui renouvellent un regard sur le vase comme objet et contenant de fleurs. On y découvre la multitude de vases correspondant à la diversité de bouquets qu’on peut réaliser. Ces objets se distinguent par leur taille, leur matière et ce qu’ils véhiculent. Ils reflètent leur époque et les usages de celles-ci. Les créateurs expérimentent des textures, des formes et des mises en couleur pour proposer des pièces entre objets d’art et objets fonctionnels. « Nous nous sommes interrogés sur l'objet dont la permanence à travers les siècles, signe d'une sorte de nécessité qui dépasse largement le cadre de l'usage qui est le sien. Par ailleurs, comme de nombreux artistes se sont emparés de cet objet, il nous apparaissait intéressant de comprendre le lien existant entre la sculpture, le décor et la fonction qui en principe n'est pas la préoccupation essentielle d'un artiste. » témoigne le galeriste Alain Gutharc. Des œuvres sur papier montrent des plantes qu’on associe à certains objets qui attendent des compositions florales. Certaines sculptures relèvent d’inventions de formes hybrides entre sculpture et objet d’usage.
Les créations nous invitent à regarder à différents niveaux et à songer à nos manières d’utiliser les plantes dans nos intérieurs. Les pièces de différents matériaux de designers sont disposées sur des « fantômes de meubles » tables, tabourets, peints en blanc, tandis que celles d’artistes contemporains sont sur des socles. Un décloisonnement des pratiques de plasticiens et de designers se découvre dans cette exposition.
La scénographie joue sur les codes de l’accrochage classique de l’exposition et fait écho à un possible habitat, un espace de vie où les vases de diverses textures et matières témoignent des attirances pour des savoir-faire oubliés et des techniques contemporaines. Les pièces créent des liens entre intérieur et extérieur, entre ce qui a trait à la nature et ce qui se réfère au domestique. Elles font appel à nos souvenirs de cueillettes et d’achats de plantes puis de choix du vase où elles seront maintenues dans leur éclat pendant un moment. Quelle joie de pouvoir contempler un bouquet ! Quel plaisir a-t-on de lui trouver une place judicieuse pour sa conservation ! Le vase peut exister sans les fleurs et offrir lui-même une expérience esthétique pour le regard, au travers de cette exposition. Il se donne au regard, révèle sa modernité et l’évolution des pratiques artistiques et artisanales.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir jusqu'au 30 janvier 2021