Sous le soleil de Minuit, exposition d’Agathe Bokanowski, matières et lumières de paysages

Agathe Bokanowski ne cesse de s’approprier ses propres photographies de paysages qu’elle prend soin de dessiner au fusain. La persistance de souvenirs, d’images se révèlent dans son processus de travail. Un écart se creuse entre l’instantanéité de l’outil photographique et la lenteur du geste de l’artiste. Son outil primitif convoque une seconde vie aux végétaux. Elle tente de reproduire le plus finement possible, la matière de l’image et la volumétrie des plantes.

Ses dessins expriment sa grande sensibilité envers des lieux habités qu’elle arpente et qui deviennent intimes. Au fur et à mesure qu’elle plonge dans son dessin, elle approfondit sa compréhension des formes des arbres, du sol et autres éléments. Ses œuvres sur papier nécessitent un temps d’adaptation du regard. Des détails sont à la limite du visible et apparaissent progressivement. Nous voyageons, nous les parcourons tout comme l’artiste a exploré ces lieux.

Le jardin l’intéresse tel un microcosme pour être ailleurs, hétérotopie selon le philosophe Michel Foucault.  Les chemins, traces de paysages se révèlent dans ses dessins. La lumière ajoute un mystère et une présence dans ces lieux peuplés d’une végétation foisonnante. Avec son fusain, elle creuse les niveaux de gris et s’approche délicatement de la photographie. Jardim botanico nous invite à la fois à une traversée lointaine et à élever notre regard à la découverte de la cime des arbres.

Ses œuvres incarnent des histoires contenues dans les paysages. Elles renvoient à des territoires personnels dont les atmosphères s’approchent de celles de lieux bien connus de tous. Les phénomènes physiques modèlent les paysages dans ses dessins. Ceux-ci proposent un arrêt, un ralentissement dans le temps de mouvements et sensations. Ils contiennent la quête d’émotions, l’endurance de l’artiste passée à traduire ses expériences au contact d’une nature recomposée par l’homme. Son grand dessin Seascape montre les éclats de lumière sur les vagues. Nous nous immergeons dans l’étendue de cette mer, qui nous marque par le rythme de ses remous. Une ambiance sonore semble nous parvenir par le soin qu’elle donne à répéter ses gestes. Dans son dessin La rivière, la lumière est diffuse, un effet de brume rapproche ce paysage d’une vision d’un rêve.

Une impression d’immensité, de vide, celle d’une exploration des profondeurs d’un jardin, d’un parc, d’un site ressourçant émerge également dans ses travaux sur papier. Agathe Bokanowski propose une nouvelle lecture de l’histoire de la représentation du paysage. Le point de vue en hauteur lui permet d’englober le paysage de son dessin Le Parc. Des points lumineux nous attirent et nous incitent à nous promener dans un milieu composé de végétaux et entretenu par l’homme

Exposés et associés, ses dessins forment de nouveaux espaces, un monde construit par les diverses plantations de flore de différents points du globe. Au-delà de ses expériences de la nature, ses fusains font appel à une mémoire collective, une quête d’un Eden, paradis perdu.

Pauline Lisowski

Exposition à découvrir jusqu'au 28 Février 2021.

L’exposition est visible de la rue, pour tous les Messins qui auront le plaisir de passer vers la galerie :
 
5 rue de l’Arsenal 57000 Metz
Jardim botanico, 2017 Fusain sur papier, 65 X 50 cm

Jardim botanico, 2017 Fusain sur papier, 65 X 50 cm

Le parc, 2017, fusain sur papier, 65 x 50 cm

Le parc, 2017, fusain sur papier, 65 x 50 cm

La rivière, 2017, fusain sur papier, 65 x 50 cm

La rivière, 2017, fusain sur papier, 65 x 50 cm