Par-delà les profondeurs : Ann Grim incite à penser notre société en installant ses oeuvres dans le parcours de l’aquarium.

Si l'évocation des profondeurs et la présence des requins marquent l’œuvre d'Ann Grim, on peut y lire en creux une réflexion sur notre société. Depuis presque deux ans, cette artiste développe sa création à partir de la métaphore plastique entre l'Homme et le requin. Elle s'intéresse à l'image de cet animal pour les émotions qu'il véhicule. Ainsi, elle installe ses œuvres dans le parcours des aquariums des requins marteaux pour créer un nouveau paysage. Ses sculptures étranges, composées de multiples éléments issus du corps du requin et de matériaux chargés de symboles nous amènent à éprouver le sentiment du sublime, où la beauté des éléments se double d'une sensation d'angoisse. Leur présence crée, pour le spectateur, l'expérience d'une descente progressive dans les abîmes.

Ann Grim explore différents médiums pour faire naitre une nouvelle réalité. À travers sa série L’Être et l'Avoir, elle suggère, par l'emploi de matériaux précieux, une alternative à la société de consommation, à l'aliénation par le travail et au règne de l'argent. Une installation ouvre notre imagination et nous transporte dans un univers étrange.

Dans ses sculptures, la figure du prédateur est associée à l'ivresse et à la démesure. Les mâchoires de l'animal symbolisent, pour l'artiste, l'être, devenu la proie d'un monde industriel et capitaliste qui le tiraille.

Dans cet ensemble d’œuvres qui oscillent parfois entre la sculpture et le design, l'acrylique sur toile L’écume des Profondeurs se révèle être surface sensible de la matière aquatique.

Comme une invitation à une pause contemplative et réflexive, son film Beyond the Unknow présente un univers de science-fiction, une contre-utopie où une espèce proche du requin domine un monde submergé.

Dans cette descente dans les abîmes des mondes marins, l’œuvre All is permetted – Sculpture dialogue avec un aquarium de requins. Cet aileron de requin comme fossilisé donne une lueur d'espoir face à notre instinct de survie contre la perte de notre humanité.

En composant subtilement avec les matériaux, Ann Grim matérialise ses réflexions sur le devenir de notre société et pointe ses travers. La métaphore des profondeurs ancrée dans chaque œuvre amène le spectateur à penser le devenir humain. Si cette exposition offre une expérience esthétique subtile en parfaite osmose avec son lieu d'accueil, la double lecture des œuvres implique un travail réflexif et de décodage des symboles. Tout au long du parcours, émergent des interrogations qui naissent du déroulement de la pensée critique de l'artiste.

À découvrir jusqu'au 31 janvier, à l'aquarium de Paris, jardins du Trocadéro.