Play Time, Biennale de Rennes : le temps du jeu et l’espace du travail

Cette année, la biennale d'art contemporain de Rennes, coordonnée par Les Ateliers de Rennes, fait du jeu et du travail un terrain d'expérimentation artistique et une réflexion sociologique. En s’appropriant le titre du film de Jacques Tati, Playtime (1967), la commissaire de cette édition, Zoë Gray propose un parcours d'expositions où le jeu et le travail se répondent l'un l'autre. L'ouvrage Homo Ludens de Johan Huizinga sert de fil rouge à la réflexion. Les expositions sont conçues pour être indépendantes et se faire écho. Sous des formats et des ambiances bien distinctes, elles dévoilent chacune le jeu et l'espace de travail dans leur dimension poétique et critique.

Pour Play Time, la Halle de la Courrouze est transformée en une aire de jeu. François Curlet a invité des artistes à proposer un "trou" de mini-golf, créant une œuvre collective, GOGOLF échelle 1. Grâce à ce commissariat d’œuvres à expérimenter, le public est convié à prendre part au jeu et à tester chaque proposition plastique. En complément, des vidéos sont présentées dans des espaces semi-fermés. Poétiques et sociologiques, elles montrent différentes histoires autour du jeu. Ici, l'exposition prend appui directement sur la thèse de Johan Huizinga, le jeu existe dans toutes nos cultures et peut s'élever sur le sérieux. Elle se révèle être une expérience ludique, où les œuvres invitent à jouer ensemble.

Au musée des Beaux-Arts, les artistes proposent de mettre en lumière le droit à la paresse. Ils interrogent notre rapport au temps de travail et à la contemplation. Dans ses dessins Thomas Tudoux dévoile comment notre société hyperactive dicte nos activités quotidiennes. Une attention particulière a été portée sur la scénographie. Dans chaque salle, les œuvres sont réunies selon une ambiance colorée, notamment Vitraux de Gaspar Libendinsky, Magnétiques de Nicolas Chardon, Sans titre, California's Dreaming Game Over de Bruno Peinado.

Au Frac Bretagne, l'exposition a pour axe le travail et l'atelier de l'artiste comme espace intime de création. Jeu et travail se mêlent dans notre société. L'exposition prend ainsi appui sur une œuvre de Robert Filliou. Michael Beutler ne fait pas la distinction entre la production et l'exposition. Avec son installation The Garden, il recrée un atelier de production qui ressemble à un jeu d'enfants. D'autres artistes tels que Gaspar Libendinsky et Oscar Murillo se font témoins des systèmes politiques, des conditions de travail dans les entreprises et mettent au jour la condition humaine des travailleurs. Erik van Lieshout dénonce lui les hypocrisies de la société contemporaine : Son installation vidéo pointe la politique d'un centre commercial.

La biennale va bien plus loin, en inscrivant dans le parcours, six expositions monographiques associées d'artistes dans des lieux d'art à Rennes et dans la région : 40mcube, La Criée centre d'art contemporain, Le Cabinet du livre d'artiste, Phakt Centre Culturel Colombier, (à Rennes) ; Passerelle (à Brest) et Le Quartier (à Quimper)

Cet itinéraire artistique a la particularité d'offrir au spectateur la possibilité de découvrir plusieurs fois le travail d'un artiste. Dans une même exposition, plusieurs œuvres d'un même artiste sont présentées et on peut prendre plaisir à retrouver les artistes dans les différents sites. Tout en jouant sur la multiplicité des propositions, ce parcours favorise un entremêlement des postures artistiques sur le jeu et le travail.

En parallèle des expositions, des événements culturels et des visites spéciales sont organisés. C'est aussi l'occasion d'un terrain de réflexion pour les chercheurs et les intellectuels.

Play Time, Biennale d'art contemporain de Rennes, à découvrir jusqu'au 30 novembre