Lucie Fontaine, jeune commissaire d'exposition, a fait de la galerie Perrotin un lieu où sont réunis des œuvres d'art, des souvenirs ou plutôt des échantillons prélevés de notre mémoire collective. L'exposition se compose d'un amoncellement d'objets, de sculptures, de peintures, de photographies, d'impressions d'archive retravaillées et d'autres artefacts qu'on apprécie ramener de voyage. Les artistes interrogent les notions d'authenticité, de créativité, de signature et de travail.
L'entrée d'une première salle est marquée par un voile de soi de Matteo Rubbi, une vue d'un paysage de mer qui peut nous faire rêver. A l'intérieur, sont dispersées, au sol et au mur des cartes postales, des peintures (à remarquer, les petites huiles sur lin d'Ann Craven), des installations : une collection de divers souvenirs glanés ici et là, qui témoignent de la réalité d'un lieu parcouru, d'instants vécus. Dans une deuxième pièce, à nouveau, on retrouve une certaine ambiguité entre l'oeuvre d'art et l'objet en série, notamment avec la peinture Il buon futuro di una volta #4 de Luca Bertolo, qui représente une carte postale imprimée dans la région des Dolomites en Italie. Les lampes de différentes dimensions et formes de SERVOMUTO sont imprimées d'un paysage naturel. Elles ponctuent le parcours de l'exposition. Dans les salles suivantes sont installées des œuvres plus imposantes qui nous évoquent des cultures différentes, un artisanat propre à certains pays comme le lustre en laine et en laiton de Monali Meher, les tatamis d'Alice Tomaselli et le hamac de Vibha Galhorta. Cette pièce est d'ailleurs très symbolique de l'idée de voyage : l'artiste y a enfilé des centaines de perles de verre pour dessiner une carte du monde.
Lucie Fontaine qui se dit "art employer" a disposé elle, dans les différentes salles, des oeuvres issues de sa série Souvenir. Sur des impressions d'archive, elle inscrit des phrases, des textes en référence au souvenir. Les artistes français, américains et italiens qu'elle a invité l'ont suivi pour évoquer la réalité de l'univers du tourisme et du voyage aujourd'hui. Leurs projets révèlent que de nos jours les souvenirs, les objets achetés pour se remémorer un voyage à l'étranger, ont perdu leur authenticité et identité. Finalement, sur ce thème du souvenir, c'est toute notre relation au voyage qui transparait, un voyage des œuvres et des objets.
"Souvenir", une exposition à découvrir à la galerie Perrotin, Paris, jusqu'au 27 juillet,
dans le cadre de la saison Nouvelles Vagues du Palais de Tokyo, Paris
Il buon futuro di una volta #4, de Luca Bertolo