L’arbre qui ne meurt jamais, une exposition au Théâtre des Sablons, Neuilly-sur-Seine (92)



L'arbre qui ne meurt jamais, une exposition au Théâtre des Sablons, Neuilly-sur-Seine (92)

L'exposition inaugurale du théâtre des Sablons à Neuilly-sur-Seine est un hymne à l'arbre et à la vie de la nature. "L'arbre qui ne meurt jamais" fait de l'espace d'exposition une forêt d'œuvres d'environ une quarantaine d'artistes de tous horizons. Le nom donné à cette exposition vient de l'arbre indien Moringa oleifera : un arbre qui possède des qualités nutritionnelles hors du commun qui le rendent immortel. Pour illustrer ce thème du cycle de la vie, elle est articulée en trois temps. Les œuvres, mises en scène, illustrent la naissance d'un paysage : d'un arbre, nait une forêt ; elles évoquent un personnage hybride "l'homme-arbre" ; mais encore témoignent de la disparition et de la renaissance de l'arbre dans le paysage urbain. Le parcours proposé nous invite à interroger nos sentiments face à un élément vital et met en avant une certaine éthique. Le mystère et la poésie ne sont bien sûr pas absents : L'arbre a toujours été une source d'histoire et d'imaginaire. La présence d'une grande quantité d'œuvres amène notre regard à se promener et s'arrêter particulièrement sur certaines :

Dans la première section Arborum, les œuvres exposées sont des métaphores d'une création d'un paysage réel, artificiel ou imaginaire. Les artistes utilisent à la fois des éléments naturels pris sur site et des éléments artificiels et font de l'arbre un objet artistique ou le support à une réflexion sur la nature. David Nash propose une installation intitulée A company of Ladders, des sortes d'échelles-arbres (photo ci-contre) : Cet artiste est bien connu pour son travail avec le vivant. Le cyprès débité de Toni Grand révèle la matière brute de l'arbre. La pièce de Roland Cognet joue entre l'arbre-objet et l'arbre réel. Dans les photographies d'Andy Goldsworthy, l'arbre est support d'un imaginaire et d'une poésie du naturel. Cette attention aux petits éléments de la nature se retrouve dans le travail de Kantika Bock. Dans sa Partition en automne, d'une simplicité formelle très forte se dégage un jeu sur l'échelle. Le dessin créé à partir des petites branches dévoile un horizon d'un grand paysage. Dans un tout autre registre, l'œuvre de Martial Raysse propose une nouvelle version de l'arbre à partir de matériaux de récupération. Dans une petite salle sombre, le mobile de Susumu Shingu nous invite à la contemplation d'un théâtre d'ombres. Nous sommes comme à l'intérieur d'une forêt mystérieuse. La croissance vitale de l'arbre est expérimentée dans le projet d'Erik Samack pour le Domaine de Vassivière en Limousin. La forêt miniature de Cécile Beau rentre en parfait écho avec la vidéo, témoignage d'un travail de cet artiste.

Dans la seconde section Métamorphosis, les nombreuses œuvres de médiums très différents évoquent la figure de l'homme-arbre. Les aquarelles de Javier Perez, d'un rouge intense et d'un trait à la limite de l'anatomique, apparaissent comme des représentations de ramifications entre l'organe humain et le végétal. Dans les sculptures de Jephen De Villiers, des petits personnages vivent dans des sortes de cabanes qui les abritent. Les photographies du coréen BAE Bien-U révèlent la préoccupation de son peuple à vivre en communion avec la nature. Les œuvres de Barthélémy Toguo sont des métamorphoses qui invitent à réfléchir à une rédemption. Elles mettent en scène des thèmes religieux et mystiques où l'arbre et le corps sont sujets de réflexion d'ordre spirituel et symbolique. L'installation de Jaume Plensa, elle semble être plus de l'ordre d'une réflexion éthique sur notre relation à la nature. A noter également la présence d'œuvres d'Yves Klein et de Herman de Vries.

La dernière section Résilience, disparition et renaissance regroupe des œuvres qui évoquent l'arbre dans son rapport au monde urbain. Il est l'arbre qui fut malmené mais qui tend à renaître pour le besoin d'un nouveau rapport à la nature dans les villes. Il est à la fois sujet de tristesse et d'espoir d'une nouvelle vie. L'installation de troncs d'arbres badigeonnés d'encre de chine, au sol, de Pascal Convert rend hommage aux arbres morts. L'œuvre de Piero Gilardi, artiste de l'arte povera, à côté, joue sur la nature et l'artifice. Pour suggérer un paysage forestier en croissance, l'artiste Jorge Mayet a créé une maquette de paysage suggérant une sorte d'île forestière. Dans les photographies de Marie Amar, les feuilles fragiles sont figées comme sculptées. La maquette de cabanes perchées de Tadashi Kawamata invite à une réflexion sur l'architecture éphémère et construite à plusieurs. La dernière œuvre qui clôt le parcours de l'exposition est l'installation vidéo de Samuel Rousseau, une œuvre poétique entre le naturel et l'art numérique. Le tronc d'arbre installé se régénère symboliquement et perpétuellement grâce à son ombre en parallèle. A découvrir également des photographies documentant une installation de Christo et Jeanne-Claude et une vidéo de Virginie Yassef et Julien Prévieux qui dénonce notre obsession de consommation et de production du bois.

Dans cette exposition, les œuvres sont mises en scène comme dans un théâtre mystérieux suggérant l'intérieur d'une sombre forêt et des espaces fermés. Le jeu de lumière ajoute un aspect onirique aux œuvres greffées d'une ombre déformée. Le cheminement proposé permet de découvrir comment la thématique de l'arbre éternel invite à de multiples représentations de tous médiums. Aussi, on peut admirer les œuvres de Penone, de Rodney Graham, Pierre Alechinsky, Dimitri Xenakis & Maro Avrabou, Ronan Barrot et bien d'autres.

Cette exposition est à découvrir absolument jusqu'au 30 juin.

au Théâtre des Sablons, Neuilly-sur-Seine, 92