Linda Sanchez développe une recherche sur les matériaux, qu’elle transforme, modèle, faisant apparaitre des lignes, des dessins et des textures. Elle est toujours en quête de création d’outils, d’instruments pour travailler et explorer les potentialités de ses médiums. Entre surface polie et rugueuse, douceur et rugosité, épaisseur et finesse des matières, ses œuvres suggèrent des phénomènes naturels, des processus de changement, de comportement des éléments naturels. Celles-ci témoignent également de la relation que le corps de l’artiste a avec le matériau.
« Les écarts serrés », le titre de l’exposition solo à la galerie Papillon parle de la relation à l’espace, au centre de la démarche plastique de Linda Sanchez. Il fait également référence au geste et au déplacement. En effet les mots sont tout aussi importants que les outils qu’elle s’invente. Le geste de l’artiste se compare ici à la parole.
Dans la première salle, une sculpture montre une virgule. Plus loin, Le lacet semble avoir subi l’effet du temps. Ces deux œuvres se répondent et s’équilibrent par leur forme et leur dimension. Telle une archéologue, l’artiste semble avoir prélevé un fragment, un morceau d’une architecture. Pour elle, cette pièce renvoie au verbe « lacérer » et relève d’un exploit technique.
Linda Sanchez accorde une grande importance à l’écart entre chaque œuvre qu’elle présente. Le lieu dans lequel elle intervient la guide d’ailleurs pour ses créations. Une série de petites sculptures de formes géométriques Les Sourdines (réalisée en collaboration avec l’artiste Baptiste Croze), tels des modules compose une installation. Le blanc neigeux qui les recouvre suggère l’effet du temps et révèle les gestes de l’artiste, ses relations à la matière. Ces nouvelles pièces dessinent alors un paysage.
Au fond de la galerie, sur un mur, une série de barquettes argentées défroissées, dépliées à la main s’apparentent à des formes géométriques, à des blasons, objets singuliers, quasi-précieux. Ils évoquent une empreinte. Le matériau de rebus acquiert un côté noble. Par ses gestes de sculpteur, Linda Sanchez met en lumière le mouvement et les diverses potentialités de transformation de la matière.
Ainsi, Linda Sanchez nous livre la richesse plastique des matériaux, qu’elle façonne, manipule et agence dans l’espace. Ses œuvres font songer à des mouvements et aux transformations du paysage. Elles incarnent une dimension temporelle, une tension entre la fixité et la mobilité.
Une exposition à découvrir absolument à la galerie Papillon, jusqu'au 25 septembre
crédit photo : galerie Papillon