Natalia Jaime-Cortez développe une démarche artistique qui mêle à la fois création de performances et la pratique du dessin. Elle s’inspire de la technique de la fresque, un art qui nécessite du temps et de la patience. La trace, l’empreinte, les marques du passage, des déplacements constituent le fil conducteur de l’ensemble de ses travaux.
Pour son exposition à Modulab (Metz), elle présente une série d’œuvres où se dévoile une relation au temps et au paysage. La ronde 3, de grands papiers dépliés évoquent une légèreté, une envolée. Recouverts de pigment blanc dilué à l’eau, ils portent en eux la mémoire des gestes de l’artiste. Des lignes colorées dessinent un cadre qui crée une profondeur. Des plis renvoient à une performance passée. Ces œuvres suggèrent de grands tissus ou renvoient à la mémoire des murs qui au fur et à mesure sont marqués par les divers passages, recouvrements de matières.
Les séries 48 couleurs paysage et 24 couleurs paysage présentent un cadre de lignes colorées. Les couleurs semblent s’échapper de ces tracés pour s’incorporer dans l’épaisseur du papier. Au fur et à mesure, Natalia Jaime-Cortez a dessiné, déposant le pigment, jour après jour. Ces lignes sont comme des mesures du temps.
Sur une table, quelque peu à la hauteur du sol, une série de 71 petits papiers pliés ont pris l’empreinte de l’eau, trempés dans les marais salants de Guérande. Telle une éponge, le papier a incorporé les effets de remous de ce paysage. Ses Œillets renvoient aux caractéristiques physiques d’un espace naturel. Ils suggèrent les couches de matières qui s’accumulent, des dépôts qui modifient au fur et à mesure cet environnement en perpétuel changement.
Deux vidéos témoignent de ses expériences artistiques dans le paysage. Dans La carrière, on la voit apparaître puis disparaître dans cette ruine de pierres, un espace à la fois puissant et fragile. Avec Solarium, se retrouve une prise de conscience du temps qui passe et l’épreuve des phénomènes naturels.
Les œuvres de Natalia Jaime-Cortez convoquent différentes temporalités, le temps de la journée, le temps plus long de la nature et les gestes parfois rapides qui provoquent une lente transformation. Elles présentent une condensation de matières, à la fixation légère, qui suggèrent la fragilité et une tension entre arrêt et mouvement.
Journée, une exposition à découvrir jusqu’au 22 décembre
Pauline Lisowski
Retrouvez toutes les expositions d’art contemporain qui ont lieu depuis 2011 dans la galerie Modulab à Metz et hors les murs surtout en région Grand-Est.
Oeillets, 2016, papiers pliés trempés dans les marais salants de Guérande