Vanessa Gandar et Mélina Farine mènent chacune deux démarches artistiques centrées sur l’expérience d’un lieu et sur des questionnements liés à la géologie et aux végétaux. Ainsi, de leur rencontre est cette exposition conçue autour de leur recherches et voyages. Elles ont choisi le terme Umwelt comme titre et fil conducteur de leur accrochage. Selon Jakob von Uexhüll, biologiste et psychophysiologiste allemand, l’Umwelt désigne l’environnement sensoriel et sensitif d’une espèce ou d’un individu. Les deux artistes s’inspirent de ce concept pour nous inviter à regarder autrement le monde qui nous entoure et à repenser le rapport aux images. Elles proposent chacune une installation qui fait suite à une exploration, à une rencontre avec des sites et à une attention à des éléments naturels, minéraux et végétaux.
Sur un socle bas, Vanessa Gandar et Mélina Farine ont mis un commun un ensemble d’éléments prélevés, minéraux, cristaux, fossiles, végétaux, photographies, documents d’archives. Ils forment Umwelt, le monde des deux artistes. Des liens entre ces « petits trésors » et des références diverses peut s’établir et créer des espaces de pensées. Vue d’en haut, ils forment une cartographie de leur création en cours. Nous sommes à la fois proches et à distance et de ces « curiosités », ce qui renvoie au geste de prélèvement et à la contemplation d’un paysage.
Mélina Farine développe une recherche photographique sur les serres et nous propose de découvrir ce milieu de conservation composé de paysages fictifs. Son accrochage de photographies en constellation, Plante-fiction, constitué de divers formats d’images, suggère l’état d’une recherche en cours et présente une « topographie des jardins botaniques ». Chaque photographie révèle une végétation générique. Cet accrochage fait aussi écho à la végétation foisonnante de ces jardins intérieurs. Une photographie d'un cratère prise dans un parc géothermique de Nouvelle-Zélande invite à un autre voyage. Un lien s’établit avec la photographie de Vanessa Gandar témoignant d’un feu naturel. À côté, une photographie prise en Islande montre une grotte, un paysage qui a inspiré Jules Verne. Cette image convoque le désir de rechercher ce qu’il y a sous les profondeurs de la terre, d’imaginer un autre monde. Ces photographies de paysages difficiles d’accès, parfois hostiles et souvent surprenants, nous conduisent également à saisir la puissance de phénomènes physiques.
Vanessa Gandar a composé sur un mur La dérive des Pôles, une installation constituée d’un ensemble de pièces issues de son voyage jusqu’au cratère du Manicouagan, au Canada. Cette exploration l’a amené à recueillir des éléments naturels et à convoquer l’imagerie scientifique pour comprendre les spécificités géologiques de ce territoire. De loin se découvre un dessin mural de lignes. Celles-ci font référence aux courbes des relevés des champs magnétiques réalisés par des chercheurs. De près, les dessins et photographies impliquent un autre rapport d’échelle. Des photographies représentent la mer gelée et des lignes de mouvement. Et, une étagère accueille une collection de petites pierres et de sables, récoltés là où des glaciers se sont retirés. Ces fragments mis dans des petites fioles racontent des histoires et témoignent des différents lieux où l’artiste est passée.
Ainsi, cette exposition interroge notre relation à la nature et notre perception du paysage. Entre relevés botaniques, géologiques, souvenirs de voyage, dessins et photographies, les œuvres de Mélina Farine et de Vanessa Gandar conduisent à prendre différentes postures pour découvrir les multitudes de points de vue qu’on peut avoir du monde. Les artistes apprennent grâce à leurs recherches à redécouvrir l’environnement. D’un détail, elles amènent à réfléchir sur notre relation aux images, aux documents scientifiques et à découvrir la pratique du voyage comme expérience de rencontre avec un lieu.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir jusqu'au 1er mars au Préau – Espace d'art de l'ESPE de Lorraine, Maxéville
ouverture du lundi au vendredi de 8h à 18h
Le Préau – espace d'art et de création UL / ESPÉ
Le Préau – espace d’art et de création UL / ESPÉ, Maxéville, France. 639 likes. Lieux d’expositions et de rencontres artistiques en partenariat avec la ville de Maxéville et la DRAC Grand Est.
Plante-fiction de Mélina Farine, photographies, copyright : Mélina Farine