MUrielle Belin crée des créatures hybrides, chimères, mi-hommes, mi-animal. Elles semblent surgir de contes qui nous incitent à la fois à rêver et à plonger dans un univers plus sombre. Ces sculptures inspirent aussi bien l’étonnement qu’à un certain effroi et à une tendresse.
Son exposition « Paysages volatiles » réunit des œuvres plus anciennes ainsi que d’autres récentes où l’oiseau est sujet d'expériences aussi bien sculpturales que picturales.
Elle combine humain et animal pour créer des êtres étranges. Dans l’univers de MUrielle Belin, tout est sujet de familier et de fantaisie, dans une vision sombre d’un monde qui s’effondre. L’artiste fait remonter à la surface des réminiscences d’images séduisantes et envoûtantes.
Elle s’attache aux plumes pour leurs matières, brillances et couleurs. L’intérieur de taxidermies d’oiseaux accueille des paysages étonnants. Ses sculptures, La grotte, Chemin faisan, renferment un monde merveilleux, micro-forêt qui invitent à y pénétrer. Ces oiseaux ne sont-ils pas témoins des transformations de notre environnement ? Par son regard sur ces animaux, l’artiste nous invite à prêter attention à l’étendue, aux éléments naturels qui se trouvent sous nos yeux. Il suffit de prendre le temps pour les voir, avant qu’ils disparaissent.
Minutie, patience et attachement caractérisent les œuvres de MUrielle Belin. Celles-ci appellent aussi bien au rêve qu’au cauchemar, entraînent attirance et répulsion.
Après ses séries de peintures peuplées de personnages, à la fois grotesques et effrayant, teintées d’un certain humour noir, l’artiste ne se consacre désormais qu’au paysage. Si l’humain y est absent, des présences volatiles apparaissent. Elle met dans ses tableaux la même attention aux matières des animaux qu’elle a l’habitude de travailler.
Ses huiles sur bois nécessitent un temps long d’observation pour les parcourir du regard et y découvrir les multiples secrets qu’elles cachent. La lumière surgit des profondeurs et illumine une végétation qui se métamorphose sous nos yeux. Puissante, celle-ci vient comme envahir, éblouir et nous inciter à nous évader dans le foisonnement d’éléments. Plumes d’oiseaux et feuilles d'arbres se fondent pour devenir flux, vents, brumes et autres phénomènes physiques qui révèlent des passages, un mouvement continu. Ainsi, ces peintures de paysages, aux noms d’oiseaux, La sterne, La linotte mélodieuse, La sarcelle marbrée, nous invitent à un déplacement pour percer les mystères qu’ils contiennent.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 19 avril, à la galerie de la MJC Bazin, Nancy
La grotte, 2018, taxidermie de pic vert, plumes, techniques mixtes, H 49 x L 15 x P 23 cm
L’oiseau de malheur, 2017, taxidermie d’oriole troupiale, pâte à modeler, peinture, H 41 x L 21 x P 21 cm