Sous (le) vide, ce titre convoque une expérience physique d’un lieu. Cette exposition fait suite à la résidence de recherche et de création Lizières de Charlotte Cantin en 2018. Dans ce territoire isolé, elle a prêté attention aux matières, aux éléments qui incarnent le passage du temps. Le titre de l’exposition renvoie à la topographie, à des brèches, des failles. Comment aller au-delà des apparences ? De quelle manière dépasser les limites de ce qui est perceptible ? L’artiste accompagnée par la commissaire d’exposition Brenda Jouys présente une sélection d’œuvres réalisées durant son exploration du territoire. Elles témoignent de ses recherches, de ses lectures et de ses inspirations lors de son immersion dans cet environnement.
Charlotte Cantin va au-delà des apparences. Ses œuvres convoquent les notions d’impermanence, d’invisible, d’équilibre. Elle a exploré le plâtre, un matériau qui l’intéresse pour sa douceur et sa fragilité. Sur un tronc qui sert de socle, Idéale, une pièce en plâtre, présente un vide comme si elle avait évidé un être vivant. Durant sa résidence, elle avait repéré des troncs d’arbres qui incarnent la temporalité. Ceux-ci ont également inspiré son installation Mentellement, constituée de plusieurs empilements de pièces circulaires, à la fois identiques et différentes, dont certaines sont brisées. Le titre fait à la fois écho à Mont, à montagne et à la construction mentale. L’œuvre incarne une tension entre la répétition et la singularité. Elle convoque à la fois l’effondrement et la construction.
Fissile, un grand dessin à l’encre sur papier suggère aussi bien une cartographie mentale qu’un zoom sur une forme géométrique. Charlotte Cantin a pris comme point de départ l’étude des minéraux. Le terme « Fissile » fait référence au processus de division à l’infini. L’artiste s’est fixé des contraintes de dessin, croisement, passage dessus-dessous, connexions et a fait surgir un tissu de lignes. Celles-ci se nouent et fuient. A la fois vue en plan et zoom sur une matière, ce dessin invite à suivre des chemins.
Ce va-et-vient de rapport d’échelles se retrouve dans sa série de photographies intitulée Sous (le) vide. L’artiste révèle des fissures, des anfractuosités dans les pierres, les roches et le sol. Ses images dévoilent l’infime, ce qu’on ne voit pas et qui pourtant a cette puissance d’un possible basculement. Des lignes blanches évoquent des brisures, détails suite à son observation de ces matières. Elles renvoient à des phénomènes physiques qui nous dépassent.
Le film Envolée a un ton plus grave et appelle à une fuite. Il a pour point de départ une recherche sur une liste de mots sur les troubles mentaux. Cette répétition de termes, énoncée avec un souffle, telle une épreuve, est mise en parallèle d’images d’un paysage, plans de nuit, passage d’oiseaux dans une bande sonore hypnotisante.
Charlotte Cantin a réalisé de nombreuses vidéos durant sa résidence. Pour faire revivre le territoire qu’elle a exploré, des projections sont organisées dans le studio. Celles-ci modifient notre perception des œuvres et étirent le temps de l’exposition. Ainsi, ces images feront revivre les moments que l’artiste a vécu, un temps de ressourcement, de découvertes, d’attention au monde et d’expériences physiques.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 10 mai à SometimeStudio, Paris.
FISSILES, encre sur papier, photo de Charlotte Cantin
Merci pour cet article et cette approche fine et subtile du travil de l’artiste;
Merci pour cet article et cette approche fine et subtile du travil de l’artiste;