Exposition Vers le sens de la rue de Chimène Denneulin : De la photographie vers des déconstructions de l’espace par la couleur

Chimène Denneulin travaille entre la photographie et le volume, entre le réel capté tel quel et un jeu de formes colorées. Elle a commencé sa pratique de la photographie en arpentant des villes, des quartiers en ruine. Ces masquages mettent en évidence des situations, soulignent des perspectives et des scènes urbaines. L’aplat coloré nous invite à imaginer ce qu’il y a derrière.

L’artiste interroge le fait de prendre des photographies de lieux difficiles, des espaces marqués par un trauma. Elle précise : « Je cherche une mise en tension, un dialogue entre photographie et peinture abstraite. Aussi, cette opération de collage, de masquage apparent ou de montage, travaille le regard : entre informations (de la photographie) et poésie visuelle (de la peinture), on passe de l’un à l’autre tout en sachant que l’un et l’autre s’échangent aussi leurs rôles. » Ses photographies jouent sur un trouble du regard, incitant le spectateur à se demander s’il s’agit de peinture ou de retouche de l’image. Elles sollicitent notre posture de regardeur qui tente de saisir ce qui est dessous. Les œuvres jouent de cette ambiguïté entre la réalité perçue et l’opération plastique qui crée une perturbation dans la perception de l’image.

Ainsi, Chimène Denneulin établit des mises en tension entre la photographie et la forme abstraite. Par la réserve, qu’elle remplit d’un aplat coloré, elle crée comme un écran pour proposer une nouvelle lecture de l’environnement qu’elle arpente. Les couleurs peuvent également rappeler l’action de recouvrement dans l’espace urbain. Certaines sont issues de l’image même tandis que d’autres font directement référence au carré noir de Malevitch. Que signifie masquer ? Pour l’artiste, il s’agit de repenser également la photographie en lui redonnant une plasticité. Ses images mettent à distance la réalité de terrains abimés en redessinant de nouvelles lignes et perspectives.

Une série d’œuvres est à découvrir à la galerie Des jours de lune à Metz, dont le commissariat est assuré par Viviane Zenner, jusqu'au 19 septembre

Pauline Lisowski