Exposition Tritons et Coelacanth d’Elsa Guillaume, un voyage à travers le monde marin à la rencontre d’étranges créatures

Entre son regard d’une exploratrice des fonds marins, aventurière et sa vision teintée d’humour, l’univers d’Elsa Guillaume nous plonge dans un monde aquatique des temps anciens. Lectrice de récits de navigateurs et de grands voyages, passionnée de plongée, elle est fascinée par l’immensité du monde marin et l’extraordinaire richesse de faune et flore qui n’en finit pas d’être source d’exploration. L’animal est présent avec ses propriétés étranges et un corps qui renvoie à une espèce disparue ou inventée par l’artiste. Dissection, coupes et hybridations sont ici traitées avec une recherche de fantaisie.

Les créatures qu’elle façonne en céramique paraissent issue d’une ère lointaine et inspirent à la curiosité.  « Pour les nouvelles pièces, j’ai souhaité garder l’aspect brut de la terre en laissant l’émail de côté et ne jouant qu’avec deux tons de la terre (du grès gris et blanc) et du crayon à l’oxyde pour l’aspect dessiné. J’avais envie qu’elles émergent d'une base tumultueuse et agitée comme l’eau. » précise l’artiste. Elles attirent tout autant qu’elles provoquent une certaine répulsion. Ses animaux suggèrent également une espèce entre terre et mère, certains présentant un corps fragmenté et d’autres s’attirant ensemble formant un couple.

L’artiste a conçu elle-même les supports en bois de ses sculptures, les installant dans un territoire qui fait écho à une plage ou bien à un milieu aquatique. Elle a « imaginé des îlots aux pieds évasés, rappelant quelque part la pangée et dérive des continents». « J’adore aussi les maisons sur pilotis, les cités lacustres, toutes ces constructions humaines réalisés pour vivre auprès de l’eau… » explique-t-elle. Il nous est nécessaire de nous baisser et de nous mettre à la hauteur de ses créatures fabuleuses.

Elsa Guillaume aurait puisé son inspiration dans les récits de Jules Verne et autres écrivains qui nous racontent des histoires extraordinaires dans des mondes hors du temps. Certaines œuvres de cette exposition furent réalisées lors de sa résidence à la galerie du Dourven en Bretagne. Des planches réalisées à partir de ses livres d’artiste sont ici présentées en grand format. On y voit ses recherches mêlées de fragments de textes qui répondent à ses dessins d’animaux et rencontres sous les profondeurs. L’artiste joue sur les codes du carnet de voyage et des livres de bord décrivant un parcours, une quête, une exploration à la recherche d’êtres vivants. Ses résidences l’amènent à rencontrer des gens passionnés par le monde marin, scientifiques, marins, plongeurs et à se laisser porter par ses observations, découvertes et échanges. Ses dessins présentent des récits qui témoignent d’une plongée et de rencontres avec des êtres vivants qui sollicitent notre curiosité. Notes, réflexions et croquis racontent les descentes dans les milieux qui suscitent l’évasion et nécessitent un équipement pour aller à la découverte d’une biodiversité à préserver. Ses écrits et dessins s’apparentent presque à une bande dessinée.

En travaillant la céramique, Elsa Guillaume crée un lien entre le monde terrestre et le monde marin.  Ses bêtes font écho à des animaux hybrides qui surgissent de contes. L’artiste semble nous mettre en garde contre une trop grande emprise de l’homme sur les milieux marins. Ses créatures se rejoignent, se relient et prennent des postures qui leur donnent l’apparence d’être à la fois arrêtées et en mouvement. Elles nous amènent à nous interroger sur les sources et références de l’artiste. Sont-elles nées suite à des observations ou à des divagations en contemplant des encyclopédies et autres livres d’images ? La plasticienne voue une passion pour les cartes, les carnets de voyage, et toute narration invitant à rêver à un ailleurs. Elle prend plaisir à nous raconter des histoires et à nous offrir la possibilité d’un univers mystérieux où vivent des spécimens qui sollicitent notre éveil tout autant que la crainte.

Attentive aux découvertes et passionnée par ce qui se cache sous les eaux, elle nous plonge dans les paysages où règnent les changements et les métamorphoses. Son exposition, à la galerie Backslash récemment transformée, nous convie à un cheminement à la découverte de créatures marines ambiguës, aussi bien cruelles qu’amusantes.  

Pauline Lisowski

Une exposition à voir absolument jusqu'au 24 octobre à la galerie Backslash, Paris

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio

Elsa Guillaume, Tritonades & Coelacante Courtesy de l’artiste et galerie Backslash, Paris. Crédit photo : Tadzio