Pour cette nouvelle exposition de Printemps, le Frac Lorraine a invité trois artistes femmes Agnes Denes, Monika Grymala et Cecilia Vicuna à investir les lieux. Celles-ci posent un regard sur le monde et sur la nature. Leurs installations et projets sont marqués par une mémoire encore vive des peuples premiers. Chacune tisse une relation avec la nature basée sur l'égalité, le respect et la liberté. Une réflexion éthique et un art entre artisanat et chamanisme laissent penser à une conscience des traditions des peuples ancestraux. Les oeuvres nous font découvrir un monde où l'homme reste encore attaché à sa terre natale.
Au rez-de-chaussée, ce sont les 39 photographies d'archives d'Agnes Denes qui sont présentées, au regard de son manifeste. Pionnière de l'art environnementale, elle a réalisé en 1968 sa première intervention "éco-logique", intitulée Rice/Tree/Burial, dans l'état de New York. Les photographies présentées témoignent des trois actions menées par l'artiste : une plantation d'une rizière, l'enchaînement d'arbres dans une forêt sacrée, l'enterrement d'un de ses haïkus. Ce projet illustrait le cycle de la vie comme un rituel. En 1977, l'artiste a recommencé les actions en y ajoutant le tournage d'un film. Agnes Denes porte un regard éthique et écologique sur l'avenir de l'homme et de la nature.
Au 1er étage, ce sont plusieurs oeuvres de l'artiste et poète Cecilia Vicuna, originaire du Chili, qui nous mettent en situation d'écoute. Ses installations et actions éphémères évoquent les premiers habitants des Andes et leurs tradituins. Dans une première salle, des photographies et un vidéo témoignent de ses petites performances à la fois poétiques et symboliques. Nos sens sont ensuite mis en éveil grâce à son installation Quipu Austral. Cecilia Vicuna a peuplé deux très grandes salles de Quipus, cordes en laines de couleurs qui descendent au sol. Ces formes actualisées des systèmes d'"écriture" des peuples andins font de l'espace, un lieu de déambulation où notre corps se trouve submergé par un champs de couleurs chaudes. Le son de la voie de l'artiste appelle à la promenade et nous plonge dans un environnement étrange et hypnotique.
Dans la tour se déploie une installation éphémère de Monika Grymala. Dans une légère obscurité, un rideau de petites vagues blanches évoque une rivière. Les petits papiers ,faits mains par un collectif de femmes aborigènes d'Australie, parraisent voler et miroitent tout en créant des ombres dans l'espace. L'installation peut aussi nous faire penser à des petites larmes, évoquant des esprits disparus.
Cette exposition nous invite à réfléchir à notre propre conscience de la nature. Les oeuvres nous incitent au voyage et à vivre une expérience de promenade initiatique.
Les immémoriales, une exposition à découvrir jusqu'au 23 juin
Frac Lorraine, Metz