Léa Bismuth a réuni, pour cette exposition, des artistes qui prêtent attention aux petits bruits, aux petits riens de notre quotidien, aux choses infra-minces qui apparaissent dans le flux et le mouvement de la vie urbaine. Ils nous montrent un univers qui est habituellement caché sous le fracas des sons tonitruants et font naître des images, des objets à partir d'un regard et de gestes simples.
Ester Vonplon a posé son regard de photographe sur des maisons abandonnées. Ses photographies révèlent le bruissement des feuilles légères des arbres qui tremblent. Anne-Lise Broyer met en éveil notre vision en proposant des dessins, toujours à la limite de la visibilité. Ses paysages flous se laissent découvrir comme de petits instants cachés qu'on attend patiemment. Plus loin, les photographies de Juliette Agnel témoignent d'étendues givrées en Islande. L'artiste capte des moments instables, des éléments à la limite de la dissolution. Manon Bellet produit dans le même esprit, des images abstraites, laissant le hasard faire les choses.
Le loup de Lionel Sabatté (photo ci-dessus), une pièce à la fois fragile et somptueuse, constitue comme une trace de nombreux passages. L'artiste l'a réalisée à l'aide de poussière grise, ramassée à la station du métro Châtelet. Il a capté des milliers de restes qui constituent la mémoire de nombreuses vies.
Pour Jérémie Scheidler, Aurore Pallet et Claire Chesner, il faut garder les yeux ouverts sur une petite lumière, malgré l'obscurité. Dans sa vidéo Blanche #1, J. Scheidler nous invite à percevoir les lumières laissées par les voitures comme de petites lucioles : un regard poétique à partir d'un élément de notre quotidien. La toile d'Aurore Pallet et le lavis d'encre noire de Claire Chesnier révèlent une possible éclipse, une lumière qui s’éteint sur un fond noir intense.
L'ensemble des œuvres crée un paysage flou et sombre : une mise en scène de nouvelles façons de voir le monde qui nous entoure. A travers l'obscurité et le flux des événements de la vie quotidienne, les artistes ont essayé de percer les petites lumières, des images poétiques que seul parfois le hasard peut révéler. L'exposition se poursuit également par le biais d'internet, à travers le site bruissements.net, qui héberge une expérience littéraire proposée à l'écrivain Arnaud Maïssetti.
Bruissements, une exposition à découvrir jusqu'au 27 juillet, dans le cadre de la saison Nouvelles vagues du Palais de Tokyo, à la galerie Isabelle Gounod, Paris