Plus que quelques jours pour profiter de l'exposition Keith Haring, "The political line" ! Un grand hommage est rendu à cet artiste américain, dans deux sites parisiens, le 104 et le musée d'art moderne. Cette rétrospective de grande envergure a le mérite de témoigner de la nature profondément politique de la démarche de Keith Haring, surtout connu comme une icône pop dont les œuvres servent de modèles à la création de nombreux objets emblématique de sa ligne et de ses couleurs vives.
Au musée d'art moderne, l'exposition est conçue telle une rétrospective qui dresse le parcours de l'artiste, de ses premiers travaux dans lesquels il commence à s'opposer au pouvoir de l'Etat jusqu'à ses dernières grandes œuvres où il s'engage dans une lutte contre le sida. On peut découvrir environ 200 travaux de différents formats, techniques et natures. Le parcours divisé en sections thématiques met en lumière les nombreux engagements de l'artiste, qui s'insurgea contre le capitalisme, la religion, les Mass Media, le racisme mais aussi qui revendiqua des actions écologiques pour sauver la planète. On comprend que Keith Haring s'est toujours intéressé aux événements politiques et à la situation de son pays. Une salle est aussi consacrée à ses œuvres dans l'espace public, dans laquelle sont présentés ses affiches publicitaires et ses dessins sur panneaux noirs, réalisés dans le métro.
Keith Haring a inventé un alphabet graphique. Ses dessins spontanés et simples étaient pour lui une manière de s'adresser au plus grand nombre. Lorsqu'il dessinait en particulier sur des grands formats, il mettait toute son énergie dans une véritable performance. Son personnage à la ligne simple, noire ou colorée se retrouve dans ses oeuvres comme symbole de l'être humain, de l'individu qui subit la société et les méfaits sociopolitiques. C'est grâce à sa "ligne politique" et à un symbolisme des couleurs et des formes qu'il réussi à nous faire comprendre les dangers qui pèsent sur l'individu et ses messages de justice.
Au 104, ses grands formats et sculptures monumentales ont trouvé une place de choix. Dans ses grandes toiles et projets de décor se dévoile également son engagement politique. Un salle est réservée à la présentation de son œuvre intitulée Les 10 commandements. Sur chaque panneau, son fameux personnage dessiné spontanément d'une ligne épaisse, est manipulé, tiraillé par d'autres personnages symbolisant des mauvais aspects de la société. Dans la cour, le Tokyo Pop Shop, magasin de l'artiste a été entièrement restauré et nous permet de comprendre son intérêt pour les objets.
Si Keith Haring fascine toujours autant, c'est bien parce que ses oeuvres nous sont accessibles, d'un langage quasi universel. Mais au travers de ses dessins épurés et de son personnage diffusé dans nos objets de la vie courante, il faut lire un véritable engagement politique. Cette exposition peut être considérée comme une des plus importantes consacrée à cet artiste.
Keith Haring, "The political line", une exposition à voir absolument jusqu'au 18 août