Tracé(s) : la cartographie comme espace de projection mentale, une exposition à la galerie Perception Park, Paris



Tracé(s) : la cartographie comme espace de projection mentale, une exposition à la galerie Perception Park, Paris

Tracé(s) est un projet curatorial proposé par Julie Crenn : une réflexion cartographique qui révèle comment les artistes contemporains s'emploient à interroger la carte, son dessin, les projections et imaginaires qui en découlent. En 2013, à la galerie Lot10, à Bruxelles, une première exposition présentait la dimension politique et mémorielle de la cartographie, avec les œuvres de Laurent Ajina, de Morgane Denzler et de Till Roeskens. À la galerie Perception Park, un second volet repose sur la notion de projection mentale. L'exposition présente une sélection d’œuvres qui jouent sur la dimension intime du dessin, sur les notions d'ouverture et de fermeture et de pertes de repères.

Elle révèle comment le spectateur peut être sujet à imaginer des territoires, à penser des espaces, des paysages ou des intérieurs.

Dans l'espace de la galerie, les œuvres, objets, peintures, dessins et sculptures dialoguent entre elles et renvoient aux notions de passage, de perception du paysage, de souvenir et d'empreinte de formes. Laure Tixier a recréé, dans la galerie, une peinture murale, issue de ses Map with a View. Sa forme noire peut suggérer un signe qui renvoie à une écriture ancienne. Avec une seconde lecture, nous pouvons lire le plan d'une prison. L'artiste joue sur notre plaisir de développer un imaginaire sur l'architecture et propose ainsi de voir sa peinture comme un motif, un symbole de l'autorité. Son travail invite le regard à se poser sur la sculpture, au sol, de Thomas Tronel-Gauthier : The Last Piece of Wasteland est un moulage d'un sol naturel qui suggère un territoire au relief difficile. Une peinture d'un bleu outremer évoque un végétal, son développement comme fixé dans la matière (photo ci-dessus). Dans les pièces de Caroline Corbasson et de Nicolas Desplats, la carte comme représentation du monde est détournée pour devenir support d'un jeu de perception. Coraline Corbasson s'intéresse au monde céleste et à ses mesures. Elle recouvre un globe de terrestre de graphite pour créer Eclipse : une œuvre où l'observation de la géographie terrestre est brouillée pour devenir la représentation d'un phénomène. Le spectateur peut alors se recréer mentalement les dessins du monde. Upotia de Nicolas Desplats est constituée de pots de peintures recouverts de fragments de carte IGN. L'artiste nous invite à imaginer la possibilité d'une peinture magique qui recouvrirait les murs d'une carte. Pascal Lièvre a reproduit les dix figures du test de Rorchach en paillettes noires. Il rappelle que ces formes pourraient permettre la lecture de la personnalité, telle une carte comme représentation d'une géographie psychique. Ce rapport de la carte avec l'intériorité et le sensible se retrouve dans les dessins de Vanessa Fanuele. Les tracés qui se mêlent à des taches colorées résulteraient d'une recherche où se rejoignent le corps et l'âme.

Tracé(s), une exposition à voir absolument, jusqu'au 19 juillet,

à la galerie Perception Park, Paris.