Emma Bourgin développe une démarche axée sur la recherche d'une relation plus sensible au monde. Elle intervient à même le paysage. Chaque lieu où elle travaille l'amène à expérimenter un médium, à transformer les matériaux, pierre, bois. Elle utilise des supports fragiles, souples, qui captent les textures, les anfractuosités qu'elle découvre durant ses explorations. Au contact des murs, de l'eau, des surfaces des lieux qu'elle parcourt ou qu'elle habite, elle réalise des expériences d'empreintes. À l'aide de la cire d'abeille, elle donne une nouvelle force à la matière. L'artiste saisit un instant, la mémoire du lieu. Ses œuvres appellent au toucher, au plaisir des sens. Elles donnent au spectateur l'envie de s'interroger sur leurs formes : est-ce le temps ou l'artiste qui les a produite ? Par ses techniques, Emma Bourgin fait aussi naître un certain mystère et propose une double lecture de ses pièces.
Pour son exposition à la galerie du Crous de Paris, Emma Bourgin s'est servi du lieu pour composer son exposition. Elle a en fait un lieu habité. Les Peaux de fenêtre, I, II, réinstallées ici, captent la lumière et créent une nouvelle perception de l'espace. Des œuvres prennent appui sur les murs, comme si elles avaient toujours été là. Dès l'entrée, notre regard se pose au sol, des feuilles présentent de la poussière de pierre bleue, une trace de cette pierre, que l'artiste a débité en feuilles. En face, la série intitulée Les Portes semble se fondre sur le mur. L'artiste, telle une alchimiste, a récolté des pigments, la matière interne aux murs de différentes villes. Ces aplats de matières colorées appellent ailleurs et restituent ce qui fait la singularité des communes où elle a voyagé. Sur une étagère, Cœur de pierre (qui grandit) attire la curiosité du spectateur. Ces formes appellent à l'imaginaire, possibles coquilles, éléments naturels, d'un aspect à la fois mou et dur. Ces sculptures suggèrent une croissance, une éclosion. Au sol, Pierre, raconte également une autre histoire. La pierre de Caen apparaît aussi bien comme une trouvaille et un nouveau paysage. Des plumes réalisées en cire, posées dans la pente d'un escalier semblent accrochées et en état d'attente d'une envolée. Sur un socle, l'artiste a réuni un tas de ces mêmes plumes, durcies. Cette installation propose le récit d'un événement. Elle suggère aussi la nature créatrice de formes. Une série de dessins d'échassiers, réalisés à l'aide d'un trait fin et imprégnés de cire d'abeille, y fait écho. À l'étage, d'autres œuvres marquées par un geste de transformation, sont comme des reliques des expériences d'itinérance de l'artiste
Emma Bourgin cherche également à saisir les phénomènes physiques. Ses films présentent ses quêtes, son plaisir de suivre les différents changements dans le paysage. Tentatives de capture du soleil, nous convie à la suivre dans ses promenades. Cette vidéo restitue comment le soleil marque l'atmosphère d'une ville. Le film Ou le charme d’une rencontre #1 Feuilles de pierre-‐mer-‐2013.08.28, réalisé par Charlotte Mariel, témoigne des expériences de l'artiste. On l'a voit imprégner des feuilles dans l'eau. Emma Bourgin cherche en effet à faire corps avec son environnement et à laisser le temps marquer la matière.
Chaque œuvre a cette ambiguïté d'être à la fois façonnée par le temps et par le geste de l'artiste. Elle contient en elle le patrimoine d'un territoire et les sensations qu'elle a éprouvé. Emma Bourgin, par cette exposition, laisse la trace de son passage dans l'espace. Ses installations y seront comme imprégnées d'une nouvelle couche de matière, celle du lieu.
À fleur, une exposition d'Emma Bourgin à découvrir absolument jusqu'au 25 février
" À fleur ", nouvelle installation à la Galerie d'art du Crous de Paris – Crous de Paris
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Les Portes (Albi, Ratilly, Ecosse, Islande, Marseille, Caen, Bourges, Naples, Bellignies, Houdain-‐lez-‐Bavay, Lille, Valenciennes, Nanterre, Paris), copyright : Emma Bourgin