Suite à l'atelier de recherche et de création coordonné par Marco Godinho, l'exposition Temps variables et autres horizons réunit des œuvres issues de la collection du Frac Lorraine. Elle a pour point de départ une réflexion sur notre société actuelle dictée par la technologie, où tout va trop vite et où on semble perdre notre vraie relation au monde. Elle réunit sculptures, dessins, installations, propositions in situ, vidéo, qui proposent une autre vision du temps qui passe, nous incitent à réapprendre et à observer les éléments naturels.
L'intervention in situ de Guillaume Barborini marque l'espace, convie le spectateur à un suivre un trajet et oblige à un certain rapport aux autres pièces exposées. Un lien s'établit avec l'œuvre de Maria Laet, Notas sobre o limite do mar. Son film montre sa tentative de coudre des vagues dans le sable. Sculpture de crin, BS.644 de Pierrette Bloch révèle aussi d'une relation intime avec le matériau. De loin, elle se perçoit comme un dessin mural. Ces artistes s'emploient, par leur geste, à éprouver physiquement leur environnement, retrouvant un contact plus sensible au monde.
Plus loin, le visiteur peut passer à côté, marcher sans la voir, dans l'œuvre de Ian Wilson. L'artiste a dessiné au sol, un cercle à la craie, un nouvel espace quasi invisible qui matérialise un cycle temporel. La craie, cet outil dédié à des dessins éphémères, symbolise le temps qui passe, une certaine fragilité, une temporalité incertaine. Benoît Billotte a représenté à la craie sur un tableau noir la ligne du soleil. Les données scientifiques deviennent ici un dessin énigmatique. Sur deux murs, celui-ci s'appréhende comme un horizon, une fuite vers un univers incertain.
Le parcours de l'exposition suppose une vive attention de la part du visiteur. Plusieurs allers-retours peuvent lui être nécessaires pour percevoir les œuvres qui se fondent dans les murs, tel que Pols d'Ignasi Aballi, de la poussière qui recouvrent des vitres de la galerie. Le mural d'Helen Mirra, des mots dessinés à la peinture formant la coupe d'un glacier, implique également une concentration du regard.
Les étudiants de l'école d'art avec la complicité l'artiste Marco Godinho ont conçu la scénographie de façon à modifier la perception de l'espace de la galerie. Cette exposition nous invite ainsi à appréhender de façon plus sensible les questions temporelles qui nous dépassent.