Stephen Whittaker

Exposition FOUNTAIN OF YOUTH à la galerie By Lara Sedbon, Paris

Considérant que nous nous retrouvons saturés d’images et pris dans un rythme de plus en plus effréné, Stephen Whittaker nous invite à ralentir. À travers ses œuvres, il propose une expérience de pause et de contemplation, une respiration pour renouer avec le monde, la nature et le sensible.

Né en 1991 en Nouvelle-Zélande et aujourd’hui basé à Paris, Stephen Whittaker développe une pratique singulière à la croisée de la peinture, de l’architecture et de la sculpture. Son travail explore les tensions entre nature, mémoire et espace construit. Il compose des paysages mentaux à partir de matériaux hybrides — bois, ciment, velours, jute ou alcantara — qu’il rehausse de peintures à l’huile aux tonalités chaudes et terreuses. Ses œuvres, à la fois sensibles et matérielles, évoquent le poids des traditions, les ruines d’un monde en mutation et la poésie silencieuse des lieux désertés.

Attentif aux matériaux bruts et porteurs d’histoire, Stephen Whittaker collecte des éléments du quotidien pour créer des scènes quasi-théâtrales. Ses compositions invitent à la contemplation, à l’interrogation sur ce qui subsiste, sur ce qui persiste malgré l’érosion du temps. Chaque peinture fonctionne comme un cadre, une ouverture, une fenêtre sur un ailleurs, traduisant notre besoin d’évasion et notre fascination pour les fragments du passé.

Dans ses œuvres, apparaissent des mondes miniatures où se rencontrent végétation domestiquée, architectures étranges rappelant les folies paysagères, aires de jeux désertées, ruines et structures brutes. Le vide entre ces formes – qu’elles soient organiques ou construites – devient un passage visuel à travers différentes époques et topographies. Une tension s’installe entre la souplesse et la rigidité, entre l’ordre et le chaos, conférant à ses tableaux une profondeur méditative.

L’artiste convoque également le mythe de la fontaine de jouvence. L’eau, motif récurrent, circule discrètement d’une œuvre à l’autre, symbole vital et fluide, reliant paysages, souvenirs et rêveries. À travers cette matière liquide, c’est la question de la transformation, de la régénération et de la fuite du temps qui se dessine.

La galerie se transforme ainsi en un espace suspendu, propice à la lenteur, à l’observation et à la rêverie. Pourquoi cette quête permanente de progrès ? Ne pourrions-nous pas, au contraire, nous attarder sur ce qui contient une âme, une mémoire, une fragilité ? Les œuvres de Stephen Whittaker nous invitent à reconsidérer notre rapport aux matériaux, à l’histoire, à notre environnement.

Cette exposition se découvre comme un espace-temps mystérieux, entre contemplation, rêverie et réflexion sur nos modes de vie.

Pauline Lisowski