Caresse de forêt (le soir où tu m’as quitté), exposition personnelle de Florian Mermin

D’un dessin, Florian Mermin a fait rentrer la nature à l’intérieur de la galerie. Caresse de forêt, ce geste appelle à des souvenirs de promenades, de sensations où la végétation est ressource. Au contact des arbres, une connexion au corps se développe. Du dessin, à la sculpture jusqu’à l’installation in situ, chaque œuvre fait écho au contact de la main. « Tout mon travail est parcouru par le motif de la main, celle qui façonne la matière, cueille la fleur ou encore forge le métal. » explique-t-il d’ailleurs. L’artiste recompose ici une forêt à partir d’éléments cueillis, ici suspendus et au sol et de sculptures qui appellent à diverses impressions, à la fois de douceurs et de blessures possibles. En utilisant différentes techniques et matériaux, céramique, fourrure, bois de pin, plumes, métal, l’artiste reconstitue ce milieu ambigu de joies, de plaisirs, de craintes et de peurs. Les titres de ses pièces font écho d’ailleurs à ces expériences de trouble, tels Plaisirs et tourments, Piège pour regard sensible.

Le visiteur active les œuvres durant son passage. Les feuilles émettent des sons qui rappellent ceux de cet espace où nos traces de pas deviennent lignes, guides pour se repérer en ce lieu mystérieux.

Les sculptures, totems, de Florian Mermin convoquent le touché et une tension entre la douceur et la réalité de la texture auxquelles elles renvoient. Nombreuses sont installées sur des socles, qui sont pour lui « une extension des sculptures »[1]. Ils lui permettent d’autant plus de mise en relation entre diverses textures. Elles renvoient à une impression à la fois de plaisir et de dégoût.

Au plafond, des branches suspendues font écho à des restes d’un milieu exploré. Au sol, des fagots de bois et des feuilles libèrent une forte odeur, l’impression du vivant. Elles renvoient à des expériences de promenades au contact d’une végétation qui convoque les différents sens. Ces éléments qui surgissent de tous les recoins de la galerie donnent l’impression qu’elle est hantée. La ballade, des chaussures en Céramique émaillée évoque des présences, une incitation à les suivre.

Plus loin, Les rayons et les ombres, un banc en métal forgé soudé et patiné, inviterait au repos. Qui s’y frotte, s’y pique ! Les œuvres de l’artiste suggèrent des métamorphoses, interrogent l’envie de cueillir, d’approcher l’interdit. Sa forêt hantée rappelle celle des contes de fée où les arbres se transforment et où notre vision se trouble.

La nature semble jouer des tours dans l’univers de l’artiste. Les œuvres appellent au rêve et au cauchemar. Délitement, fusion, porosité, les éléments témoignent d’un état du monde, d’une certaine fragilité.

Ainsi, ce parcours, initiatique, bouleverse le visiteur dans ses croyances et l’amène à mieux regarder ce qui nous entoure.

Pauline Lisowski

 


[1] FELICITA : FLORIAN MERMIN / Entretien avec Anaïd Demir / 2016