Des éléments architecturaux dans tous les sens se révèlent en confrontations avec des fragments de paysages dans les dessins et gravures de Timothée Li. À la galerie Vincent Tiercin, le jeune artiste présente un ensemble de nouvelles œuvres graphiques qui nous invitent à nous remémorer des images de sites difficiles d’accès et pourtant attirant par leur immensité. Esquisses au crayon et lignes à l’encre construisent des espaces tentaculaires à la topographie abrupte. La ville s’érige dans les fonds de vallée, au cœur de montagnes et modifient la géomorphologie du terrain. L’artiste compose des lieux qui font écho à des peintures d’artistes romantiques, tels Caspar David Friedrich, Johann Heinrich Fussli, Franz Kobell. Or, ses œuvres teintées d’onirisme font aussi allusion à des univers de science-fiction et aux dessins d’architectures de François Schuiten.
Les mondes qu’il dessine avec soin sont riches de détails et paraissent nourris de références à des sites explorés de tous horizons, de contrées lointaines pour une déambulation dans le temps et dans l’espace. Telle une écriture automatique, sa ligne construit des lieux de mémoire. Ses dessins convoquent des souvenirs de sites disparus, enfouis et sortant à nouveau de terre. Ils mêlent un geste d’une extrême précision et un autre plus rapide tel qu’il traduit de mémoire un paysage perçu. Mouvants, à la fois en état de ruine et en construction, ces villes et paysages provoquent un sentiment de crainte face à la toute-puissance de la multitude d’éléments et à la grandeur de la nature. Difficile de trouver son chemin parmi la quantité d’itinéraires présents dans ces territoires atemporels.
Timothée Li libère son geste pour faire naître des sites à la fois merveilleux et provoquant la sensation d’un cauchemar, d’une impression de se mesurer à un site qui nous dépasse. Des gravures montrent également des mondes en ruine ou perdus dans la brume, dans un chaos d’éléments où l’individu est absent et pourtant semble être à l’origine de constructions et de mouvements de terrain. Son œuvre dresse un état des lieux de l’urbanisme et témoigne d’une vision des mégalopoles marquées par le gigantisme de l’architecture et l’immensité des espaces. Ses dessins paraissent inépuisables tant ils contiennent d’éléments, de voies, d’architectures fantasmées dans des sites escarpés, fragiles où s’implantent une étrange cité. Ils impliquent une prise de conscience de notre corps dans les lieux que l’on tente de gravir, d’arpenter et d’aménager.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 7 novembre à la galerie Vincent Tiercin, Paris
Galerie Vincent Tiercin – GalerieVincentTiercin
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