« Artic Blues » restitue aux ateliers des Capucins l’ensemble des expériences menées entre des artistes et des scientifiques au sein du Laboratoire international associé BeBEST qui s’appuie sur la collaboration entre le laboratoire LEMAR (CNRS/Ifremer/ IRD/UBO) et l’Ismer en collaboration avec le Museum national d’Histoire naturelle. À l’origine de cette exposition, le constat de biologistes brestois qui se sont demandé de retour de missions en Antarctique : comment parvenir à raconter les émotions que procure la beauté des pôles et la certitude de la catastrophe, dans un contexte de recherche scientifique ? Durant sept ans, artistes et scientifiques sont partis en mission dans des milieux arctiques et subarctiques. Tous ont pris la même posture de chercheur, partis à la rencontre d’un territoire.
Emmanuelle Hascoët qui en assure le commissariat a réuni dans un même espace ouvert à la déambulation, découvertes scientifiques et regards sensibles. Elle a choisi de travailler avec les scénographes Les ManufActeurs pour concevoir des modules, architectures spécifiques pour chaque projet. En suivant les démarches des artistes sur un temps long, elle a mis en lumière les rencontres fructueuses qui sont nées dans des milieux arctiques et subarctiques, fragiles et complexes.
Benjamin Deroche, artiste qui bénéficia récemment d’une exposition à la H gallery, présente deux séries de photographies suite à son expédition à Saint-Pierre et Miquelon, avec des chercheurs en écologie marine. Ses photographies, qui rendent compte de son expédition, présentent une impression de flottement. Son accrochage combine images aux couleurs éclatantes et d’autres en noir et blanc. Ce contraste renforce les sensations de profondeur ressenties. L’artiste a également proposé au scientifique qu’il a accompagné d’écrire un texte, invitation à porter un regard sensible sur sa pratique. De l’autre côté, une autre série d’images témoigne de ses installations dans des milieux naturels. Benjamin Deroche insère des éléments pour décorer la nature. Il affirme avoir un rapport animiste aux éléments naturels et ses ajouts sont pour lui une manière de « bénir l’espace ». Certaines images furent réalisées dans le cadre d’un atelier autour de la mémoire. Un fil rouge se retrouve ainsi dans ses photographies, tel un fil de mémoire. Celles-ci jouent sur une confusion des rapports d’échelle et nous amènent à la fois à percevoir des détails et l’immensité d’un site. L’image Falling sun fait écho au soleil qui réchauffe et à la fragilité de la planète. L’artiste marcheur, au fin regard sur les éléments naturels, nous dévoile les ressources que les milieux qu’il parcourt ont à nous offrir.
Un pavillon dont la forme fait écho à celle du dôme géodésique nous invite à prendre le temps de voir et d’entendre des projections audio-visuelles de Maxime Dangles, François Joncour, Vincent Malassis, qui font écho aux fonds-marins.
Une fresque scientifique dont les illustrations ont été réalisées par Lise Hascoët nous convie à prêter attention à la coquille Saint-Jacques, sujet d’étude des scientifiques du Laboratoire beBEST. L’histoire racontée permet de se laisser plonger dans un récit nous amenant à comprendre des enjeux écologiques.
Sandrine Paumelle s’est créé un personnage, écho à Pénélope qui attend Ulysse et s’est attelé à la création d’une installation vidéo ainsi que d’une carte tricotée. Son pavillon reprend la forme d’une serre ou d’un refuge et nous incite à découvrir ses recherches, son appréhension du territoire arctique et les relations qu’elle a tissé avec les scientifiques.
Dans la salle d’exposition de la médiathèque, « Avant la débâcle » réunit les photographies de Jean Gaumy photographe de l’agence Magnum Photos, qui présentent des vues de nature, entre le chaos et le merveilleux, des photographies polaroïds de Sandrine Paumelle ainsi qu’un texte de Jean-Manuel Warnet témoignant des explorations menées au Groenland et au Spitzberg.
Enfin, cette exposition propose d’appréhender des territoires lointains, où des enquêtes entraînent à poursuivre des explorations. Au sein des ateliers des Capucins, elle propose un parcours à la découverte de projets de ces binômes artistes et scientifiques, ayant ainsi le même enjeu. Elle nous conduit à prendre conscience des enjeux écologiques par des photos, dessins, installations et captations sonores qui témoignent d’expériences extrêmes.
Pauline Lisowski
"Avant la débacle", salle d'exposition de la médiathèque François Mitterand, Les Capucins, Brest, jusqu'au 8 septembre
Exposition collective à découvrir dans le passage des arpètes, atelier Les Capucins, Brest, jusqu'au 22 septembre
ARCTIC BLUES, une exposition/Ateliers des Capucins, Brest – FOVEARTS
« On entend les modulations de la houle, comme une bouée au large d’Ouessant, (…) On écoute sous la banquise solide les explosantes fissures des glaçons, si vieux qu’ils restent sans bulles. On…
https://www.fovearts.com/ARCTIC-BLUES-une-exposition-Ateliers-des-Capucins-Brest
Saint-Pierre et Miquelon, août 2017 © Benjamin Deroche
Immersion dans la baie de Saint-Pierre à la recherche d’Arctica Islandica. Saint-Pierre et Miquelon, août 2017 © Benjamin Deroche
Laurent Chauvaud remonte d’une plongée sous la banquise. Daneborg, Groenland, 2018 © Jean Gaumy/Magnum Photos