Tentatives de bonheur : une exposition qui invite à prendre le temps de s’arrêter pour cultiver l’idée du bonheur

Installé au cœur du marais, le MAIF Social club est un lieu ouvert à tous, espace de rencontres où chaque année, un thème donne lieu à des expositions.

Depuis le mois d’avril, l’exposition actuelle a pour point de départ l’accès au bien‑être, au fait d’être satisfait et heureux. Que signifie cette notion aujourd’hui ? Cet enjeu est devenu un objectif dont les ouvrages et méthodes se multiplient.

AnneSophie Bérard, la commissaire a choisi d’inviter des artistes des différents continents pour donner à penser diverses tentatives de bonheur. Par ces suppositions, elle explore cette quête dans un parcours découpé en trois sections. Avec la collaboration de la scénographe Constance Guisset, elle crée un écrin coloré pour chaque artiste.

L’exposition débute avec les pièces de Laurent Pernot, qui nous invitent à rêver, à capturer l’insaisissable. Une lune dans une cage, la mer dans une boule de verre, ses œuvres mystérieuses convoquent nos désirs les plus insensés. Vaincre le temps est la première tentative que nous propose l’artiste français.

Comment préserver ses rêves ? Telle est la poursuite que nous suggère ensuite la sculpture Dreamers Forest de Xooang Choi. Deux corps s’enlacent comme tentant de se protéger l’un l’autre.

Le basculement vers l’infini continue avec les nuages de Leandro Erlich. L’artiste argentin nous incite à un voyage immobile, retour au plaisir de l’enfance à contempler ces nébuleuses éphémères.

Seconde étape de cette recherche de ce sentiment d’être en harmonie avec soi‑même, heureux, la nécessité d’accepter le temps qui passe, les erreurs qui sont faites, l’impossible qu’on ne franchira pas. Tablespoons de Samuel St-Aubin captive notre attention : une installation cinétique où des œufs passent d’une cuillère à une autre dans un ballet circulaire. Dans une alcôve baignée d’une couleur mauve, cinq œuvres de Liliana Porter racontent des situations qui nous rattachent à notre propre quotidien d’être humain. Avec l’installation Le jardin des délices, Slimane Raïs nous propose d’écouter des récits d’aveux. Ces confessions pourraient être celles qu’on garde au fond de nous comme un jardin secret. Nous sommes alors renvoyés à notre propre condition humaine.

Puis, retour dans la réalité avec la dernière section intitulée TROUVER. Camille Bondon offre aux visiteurs volontaires l'occasion de vivre une journée de plaisir avec elle. Ces plaisirs récoltés nous sont transmis et en les lisant, on peut alors se projeter dans nos propres désirs. Scenocosme propose également une rencontre avec une personne, virtuelle. Ces apparitions nous incitent à nous arrêter, à interagir et à nous laisser surprendre face à un écran. Quelles relations peuvent naître dans l’espace virtuel ? Cette installation nous met dans une situation étrange de tenter d’instaurer un lien avec autrui, tentative veine de jouer, de caresser et d’être avec.

Laurent Lacotte, lui, se risque à activer des réactions de la part de passants. En placardant une série d’affiches « Perdues : Espérance » dans le quartier du Marais, l’artiste recueille une série de réponses tout autant sensibles que dérangeantes. Cette œuvre publique, acte pourtant d’une grande simplicité et humanité, devenue geste politique, interroge les réactions que chacun peut avoir face à une annonce affichée.

La dernière tentative est celle d’inventer des solutions : Jean Katambayi avec ses œuvres en carton et éléments électroniques recyclés laisse supposer de nouvelles possibilités pour répondre aux enjeux des ressources énergétiques du Congo. Face à ses sculptures, un dessin révèle l’ingéniosité de ces machines imaginaires.

Pour prolonger cette échappée, cinq phrases de Benjamin Isodore Juveneton disséminées dans l’espace du MAIF Social Club nous arrêtent pour nous apprendre à faire preuve d’optimisme et à garder espoir.

Ainsi, cette exposition offre un espace-temps pour un voyage vers un ailleurs dans notre esprit, vers des possibles pour envisager ce qu’est le bonheur. Tel un moment où se sentir en osmose avec les autres, ce sentiment d’être bien, heureux, cette expérience est à expérimenter ou tout simplement à imaginer et à croire. Les œuvres nous inspirent à la fois à penser, à s’inventer des histoires, à s’échapper et à revenir sur terre pour comprendre, écouter le monde et les autres.

Une exposition gratuite et ouverte à tous, à découvrir absolument jusqu'au 26 juillet 2019 au Maif social club, Paris.

Tenir la mer, 2015 de Laurent Pernot

Tenir la mer, 2015 de Laurent Pernot

Dreameers Forest, 2015 de Xooang Choi

Dreameers Forest, 2015 de Xooang Choi

The gardener, (red flower), 2018 de Liliana Porter

The gardener, (red flower), 2018 de Liliana Porter

Tablespoons, 2015 de Samuel St-Aubin

Tablespoons, 2015 de Samuel St-Aubin