Hervé Bize plonge sa galerie dans le bleu profond pour une inspiration au rêve et au cosmos. Cette exposition marque les trente ans d’activités de la galerie. Celle-ci s’accompagne d’une programmation d’événements projections, performances, rencontres, en partenariat avec le Musée des Beaux-Arts et l’École Nationale Supérieure d’Art et de Design. Le galeriste rassemble des œuvres rarement montrées, dévoile sa collection. Ces petits trésors d’art moderne et d’art contemporain se révèlent dans cette atmosphère qui réagit à la lumière. Cette exposition offre l’occasion de découvrir dessins, photographies, sculptures, peintures, de plus de trente artistes, œuvres acquises durant trois décennies. Elles conduisent à repenser la notion de temps, déjà bousculée, remise en question pour donner à voir autrement le réel.
« Les œuvres d’art [sont] les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves » écrit Sigmund Freud.
Cette citation renvoie parfaitement à l’enjeu de cette exposition. Elle ferait écho au propos du galeriste installé à deux pas de la place Stanislas. Celui-ci a développé en ces murs décorés de fresques Art Nouveau une programmation axée dès ses débuts autour du lieu comme champ d'expérimentation puis a élargi ses activités en s’ouvrant sur les questions de situations de mobilité et de nouveaux espaces à investir.
Dans la première salle, l’accrochage reprend l’esprit du cabinet de curiosités. Des pièces trouvent place dans différents recoins et appellent à prêter attention là où le regard ne se pose habituellement pas. Camelô de Cildo Meireles, petite œuvre animée est nichée au sol dans un angle de la galerie. Elle attire notre attention et réveille l’enfant qui est encore en nous. Des œuvres sur papier, des photos, des dessins et des gravures de Marcel Duchamp & Man Ray, Salvador Dalì, Raoul Hausmann, Hans Bellmer, Francis Picabia constituent ensemble un mur d’œuvres qui appellent à l’au-delà, à des hallucinations, apparitions de formes et de corps.
Au-dessus de la porte, deux plaques émaillées d’André Thomkins créent le lien. Ces œuvres renvoient à l’idée d’habitat. La galerie serait l’univers d’une personne, dont les œuvres traduisent ses goûts, son caractère.
Puis on découvre des pièces de plus grands formats dont il est nécessaire de trouver l’espace de concentration du regard. Un dessin réalisé au lavis d'encre sur papier Arches de Kendell Geers côtoie une œuvre à l’aérographe et encre sur papier d'Anne-Lise Coste. Lampshade, œuvre suspendue de Man Ray nous amène à regarder en hauteur, à se croire dans les étoiles tandis qu’une sculpture Sphère-Trames de François Morellet bascule du ciel à la terre.
Le bleu lumineux et brillant qui recouvre la galerie crée une perturbation dans la concentration du regard de la richesse de cet ensemble d’œuvres.
Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 13 juillet
crédit photo O.-H. Dancy, courtesy Galerie Hervé Bize, Nancy