Vincent Dulom recherche une forme de présence de la peinture. Il affirme vouloir lui « donner la parole ». Ses œuvres engagent une relation avec leur support et avec l’architecture du lieu qui les accueille. Il incite le spectateur à prendre place à côté d’elles et à prendre le temps d’une expérience d’une sensation de mouvement des pigments colorés.
L’ahah, en ces deux lieux, lui consacre une exposition qui réunit un ensemble d’œuvres qui induisent chacune un dialogue avec l’espace. L’accrochage invite à différentes postures de la part du spectateur, engagé à se déplacer pour laisser surgir la peinture.
Dans l’espace rue Moret, une grande peinture, réalisée au jet d’encre sur toile, convie le regard à plonger dans la couleur et à se déplacer. Pour l’artiste, « certaines de ses peintures sont pensées pour provoquer des respirations rétiniennes ». D’où l’importance du blanc qui produit une sensation de flottement. Des petites œuvres sur papier semblent légères et pourtant dans une situation de tension, soutenues par des fils d’acier.
Cité Griset, une série des petites œuvres, Écran, réalisées à l’aide d’un jet d'encre pigmentaire sur papier 100% coton, posées sur des supports en aluminium, semblables à des pupitres, proposent des jeux de reflets et d’ombres. Vincent Dulom crée un jeu de renvoi de vibration de lumière entre le support et la peinture. Cette transparence, factice, qui vient vers nous, suscite une compréhension de notre corps et de notre capacité à se laisser porter par la couleur et la lumière.
De plus, la surface peinte, légèrement en retrait du support convoque une sorte de fragilité. Ces œuvres paraissent avoir le statut d’objet et induisent la possibilité d’être touchées. Elles s’offrent à l’autonomie et à l’appropriation par le spectateur. La peinture, ici surface où le geste s’efface, devient désacralisée, accessible. Au fond de la salle, un grand monochrome attire le regard, telle une fenêtre qui ouvre vers un espace infini.
Ainsi, Vincent Dulom propose une peinture qui conduit à une réflexion sur notre perception du réel. Ses œuvres suscitent l’éveil du regard, une attention à notre environnement, à l’architecture. Par leur présence en relation avec le lieu et son accrochage, elles proposent une redécouverte l’espace et se laissent saisir plus facilement.
Une exposition à découvrir jusqu'au 30 mars
à L'ahah, Paris.
L’ahah entend s’engager sur le long terme auprès d’artistes plasticiens et propose un accompagnement sur-mesure. L’ahah est une association à but non lucratif et dispose de 3 espaces à Paris et …
série Écran, 2018 / 2019, Jet d'encre pigmentaire sur papier 100% coton (tirage unique) (21 x 29,7 cm) et support aluminium (33 x 33 x 27 cm), crédit photographique de Marc Dommage, Courtesy L'ahah
Écran, 1806090518060901, 2018 / 2019, Jet d'encre pigmentaire sur papier 100% coton (tirage unique) (21 x 29,7 cm) et support aluminium (33 x 33 x 27 cm), crédit photographique de Marc Dommage, Courtesy L'ahah
Écran 1604030816040301, 2016/ 2019, Jet d'encre pigmentaire sur papier 100% coton (tirage unique) (29,7 x 42 cm) et support aluminium (51 x 45 x 33 cm), crédit photographique de Marc Dommage, Courtesy L'ahah