Olivier Masmonteil mène une démarche centrée sur la représentation du paysage selon différentes époques et territoires. Ce sujet l’amène à explorer le médium de la peinture et à renouveler sans cesse son approche. « La peinture permet de voyager dans l’espace et le temps sans bouger de mon atelier. » explique-t-il. Il puise ses sujets aussi bien de ses voyages ou que dans les œuvres des grands maitres de la peinture, de différentes époques et s’inspire également du cinéma et de la photographie pour montrer comment chacun des supports livrent leur interprétation du paysage. Le peintre mêle des souvenirs de voyage à des peintures qu’il a appris à copier. Il parle alors de « souvenirs idéalisés », souvenirs qu’il mêle à des fantasmes de paysage. La technique de la peinture à l’huile lui permet de travailler par couches successives et de jouer sur les superpositions et la transparence.
La galerie Thomas Bernard propose une exposition en l’honneur de 20 années de peintures de paysage en rassemblant quatre moments de peinture de différents formats qui impliquent diverses expériences esthétiques et situations du spectateur face au tableau.
Les peintures d’Olivier Masmonteil présentent lignes d’horizon, ciel vaste ou alors sous-bois et cours d’eau. L’artiste s’intéresse aux moments de transition dans les paysages, où un élément peut être indice d’un phénomène à venir. Certains paysages proposent une impression d’idéal d’un lieu préservé, un monde merveilleux et conduisent au rêve.
Dès l’entrée, plusieurs peintures horizontales, dont La vallée de l'Oreti, présentent des lignes d’horizons qui suggèrent une condensation de flux de couleurs. Celles-ci renvoient à la persistance d’images de paysage. Que restent-il dans notre mémoire ? Des couleurs, une lumière particulière… Olivier Masmonteil fait ici référence au paysage comme concept. Avec sa collection de lignes d’horizon, il ajoute une sensation au paysage choisi.
L’artiste revisite l’histoire de la peinture de paysage. Ses huiles sur toile sont marquées par des ciels et des nuages vaporeux où passe la lumière, ces éléments que les peintres de la Renaissance commençaient à apprendre à peindre. Celles verticales de grands formats, telles que La Rangitata Valley – La Possibilité de peindre, Ailleurs nécessitent une prise de recule. Le spectateur peut ressentir une émotion proche de celle du sublime.
Olivier Masmonteil combine deux manières de considérer la peinture de paysage, comme mur pour les peintres américains et comme fenêtre pour les peintres européens. Des motifs s’interpénètrent dans ses vues du paysage. Ces papiers peints renvoient au désir de recréer un décor, permettant un voyage immobile. Sunset montre un paysage de couché de soleil dans lequel des motifs viennent se fondre et perturber sa lisibilité pour le donner autrement à voir. D'après Ruysdael combine deux références, la peinture d’un artiste du VIIe siècle et des motifs des années trente. L’artiste provoque des rencontres insolites qui incitent à traverser les périodes artistiques entre peinture et art décoratif. Une tension entre la nature ordonnée et la nature chaotique apparaît également. Les peintures de la série Les Papillons jouent d’autant plus sur la superposition de couches d’histoire, d’éléments qui s’entremêlent et combinent plusieurs techniques picturales. Ces œuvres combinent plusieurs motifs, celui du papier peint, le papillon, symbole de la métamorphose, pris comme sujet pour ses couleurs et formes ainsi qu’un paysage.
Les peintures d’Olivier Masmonteil contiennent plusieurs espace-temps et lectures possibles. Telles des palimpsestes, elles invitent à mener une enquête, une archéologie à la recherche des références employées. L’artiste revisite son sujet pour proposer diverses positions de spectateur face au paysage. Il perturbe la lisibilité première du paysage pour inciter à aiguiser le regard et à voir derrière le voile. Cette exposition propose ainsi plusieurs expériences de la peinture : Face aux grands formats, un rapport physique au tableau de paysage dans lequel le spectateur peut se projeter tandis que face à ceux de petits formats, le paysage est saisi de façon plus conceptuelle et mentale. Enfin, les peintures à l’échelle humaine associent la réflexion et l’émotion d’un paysage.
Une exposition à voir absolument jusqu'au 28 février à la galerie Thomas Bernard, Paris.
Pauline Lisowski
Galerie Thomas Bernard – Cortex Athletico, Paris, Ignasi Aballí, Lisa Beck, Karina Bisch, Pierre Clerk, Franck Eon, Andreas Fogarasi, Vincent Gicquel, Rolf Julius, Thierry Lagalla, Rainier Lericolais, Olivier Masmonteil, Charles Mason, Anita Molinero, Kevin Rouillard, Sergio Verastegui
http://www.galeriethomasbernard.com/
Olivier Masmonteil, Sans titre, 2006, Série : La possibilité de peindre, Le Temps, Peinture à l'huile sur toile, 180 x 160 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Sans titre, 2010, 220 x 240 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, La Rangitata Valley - La Possibilité de peindre, Ailleurs, 2010, Peinture acrylique et huile sur toile, 240 x 220 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Le paysage effacé, 2012, Huile sur toile, 180 x 160 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Sans titre, 2018, Huile sur toile, 85 x 120 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Stiller Sturm, 2018, Peinture à l'huile sur toile, 46 x 55 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Les Papillons #6, 2018, Huile sur toile, 150 x 120 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Les Papillons #4, 2018, Huile sur toile, 150 x 120 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Les Papillons #5, 2018, Huile sur toile, 150 x 120 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Stiller Sturm, 2018, Huile sur toile, 140 x 180 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Stiller Sturm, 2018 Série : La mémorie de la peinture, Huile sur toile 140 x 180 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
Olivier Masmonteil, Sunset, 2018, huile sur toile, 80 x 65 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
D'après Ruysdael, 2018, huile sur toile, 130 x 130 cm, crédit Hugo Miserey ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
vues d'expo : crédit Rebecca Fanuele ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
vues d'expo : crédit Rebecca Fanuele ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard
vues d'expo : crédit Rebecca Fanuele ; Courtesy Olivier Masmonteil, ADAGP et Galerie Thomas Bernard