Roland Orépük a fait du jaune sa couleur fétiche qu’il décline sur tout support pour interroger la peinture et sa relation à l’espace d’exposition. Il a commencé à repeindre la galerie Victor Sfez en jaune… Sur un mur, des vides blancs sont des indices de possibles tableaux, qui furent ou pourraient être accrochés. En face, l’artiste dévoile sa « Yellow collection », des petites œuvres posées, tels des objets, qu’on pourrait déplacer. Cet ensemble d’œuvres constitue un répertoire de ses recherches picturales, depuis ces quinze dernières années : des toiles monochromes, quelques-unes retournées, sur d’autres, le mot jaune, décliné en plusieurs langues. La présence d’un niveau ou d’une sangle sur certaines renvoie aux différentes étapes de l’exposition. L’artiste interroge notre relation à la couleur, à la peinture et à ses conditions de présentation. Il précise qu’il est peintre avant tout. Plutôt que suivre la position des minimalistes, il préfère qu’on le considère comme « REDUCTIVISTE ». Il affirme d’ailleurs dans un entretien « Je cherche la simplification, pourquoi faire compliqué si on peut faire le plus, avec le moins, et les mêmes moyens ancestraux (support / Peinture) ». Roland Orépük amène la lumière par la couleur jaune et révèle d’autant plus le blanc de la toile. Ses œuvres, comme en attente d’être choisies, jouent sur le caché et le montré, l’envers et l’endroit, le fini et le non-fini.
Nous sommes invités à mener notre enquête. Des peintures ont-elles disparues ? Une collection aurait-elle prise la place d’une autre ? L’artiste recouvre de jaune pour mieux rendre visible les caractéristiques de la peinture.
Sa proposition pour la galerie incite à une autre manière d’envisager le principe de l’exposition. Elle offre diverses possibilités d’associations de deux installations in situ : peinture murale et collection de petites toiles de divers formats se renvoient l’un et l’autre. Cette exposition incarne plusieurs espaces temps et conduit à rester dans un moment de suspension ainsi qu’à nous raconter notre propre histoire de ce projet.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir jusqu'au 12 janvier à la galerie Victor Sfez, Paris.