Entre les mondes

Silène Audibert, Iris Gallarotti, Angèle Guerre, Anne-Laure Koubbi, Hélène Muheim, Muriel Moreau

galerie Graphem, Paris

29 mars – 8 avril 2018


Le dessin est une quête, un processus d’exploration, un parcours sur une page à explorer. La nature, du microcosme au macrocosme, est en perpétuel mouvement. Le monde naturel invite au voyage, à la découverte, à des expériences. Se promener au contact de la nature procure des sensations de plaisir, conduit à des rêveries, des fantasmes. Des souvenirs naissent : la spontanéité de cueillir des plantes et de jouer avec, de fabriquer des formes. D’une attention au végétal ou au paysage, d’autres mondes, étranges, magiques surgissent. Rhizomes, hybridation, superposition, combinatoire dans la nature, ces processus de multiplication et de transformation impulsent ces nouveaux mondes. Le papier devient surface, support, territoire pour des expériences de transformation.

Gravures, dessins sculptés, superposition de traits de manières colorées, suggèrent le mouvement… Différentes couches de paysages se découvrent, une nature qui se compose et se recompose. Les frontières se distendent entre les univers… Le végétal, l’animal et le corps humain se croisent. Et le dessin révèle ce cheminement entre ces espaces. D’un paysage s’ouvrent d’autres vues, des profondeurs vers le ciel, du lointain à l’infini. Des êtres apparaissent, semblent surgir, se transformer, se greffer. Des liens naissent, des réseaux se forment, se font et se défont, des circulations entre des matières naturelles. Les formes naturelles sont ici sources de régénérescence.
Contemplant, observant des paysages, des plantes, des arbres, les artistes révèlent les multiples possibilités de changement.

Anne-Laure Koubbi puise ses motifs dans les sciences, la botanique. Des petits corps, mi-animal, mi-végétal semblent flotter dans l’espace. Ses dessins suggèrent des phénomènes naturels, entre concentration et dispersion d’éléments.

Les dessins d’Iris Gallarotti révèlent le processus de morphogenèse, les formes qui se transforment et donnent naissance à d’autres, à l’infini. Des noeuds, des connexions qui se créent et se défont.

Silène Audibert développe, elle, un univers où s’entremêlent les corps et les végétaux. Ses dessins et gravures présentent des ramifications, des racines jusqu’aux branches… Ils montrent la croissance, le développement du vivant, le processus de métamorphose.

Les gravures de Muriel Moreau invitent à se plonger dans un monde entre l’infiniment petit et l’immensément grand. Entre fixité et mouvement, ses paysages suggèrent des territoires en suspens.

Angèle Guerre travaille la matière du dessin, qu’elle sculpte. Pour elle, «Le dessin est comme la marche». Au fur et à mesure de ses trajets sur le papier, un système de notation, de formes, suggère des flux, des mouvements dans le paysage.
Dans ses dessins, Hélène Muheim évoque le contact avec la nature, l’épreuve d’une ascension, le désir d’aller au bout et de se sentir consciente d’exister. Par ses étranges cadrages, aux limites organiques et la blancheur du vide, l’artiste évoque des visions, des images de rêves et dessine un paysage à la fois fabuleux et proche de la réalité.