Marquage urbain

Dima Gred

galerie Victor Sfez, 18, place Dauphine, Paris

25 février – 17 mars 2018


L’oeuvre de Dima Gred trouve, en premier lieu, ses racines, dans une filiation avec les expériences des artistes modernistes. Sa démarche reflète, elle, ce qui se passe dans la scène du graffiti, où les styles déjà existants et les projets d’art contemporain sont à chaque fois adaptés et révisés dans une constante quête de nouveauté.
Dima Gred a conçu un motif de deux bandes noires, une grille avec des tailles fixes, qu’il multiplie, déploie à l’infini pour créer diverses combinaisons. Il arpente les lieux abandonnés, les friches, les bâtiments où la végétation reprend le dessus ; de son attention à ces édifices, il trouve un emplacement où peindre. Ses oeuvres se confondent souvent avec l’environnement et nécessitent un spectateur curieux, le regard aiguisé. Le motif linéaire fait signe, donne à voir l’architecture, souligne ses formes, ses volumes et aspérités.
L’artiste joue avec cette forme, tel un outil pour interagir avec l’environnement. Tel un module, celle-ci l’invite aussi à l’envahissement d’un lieu. Elle lui permet à la fois de redécouper et de relier les différents volumes architecturaux. Ouvertures et fermetures, cadrages, grilles, tout autant de combinaisons possibles pour redonner de nouveaux points de vue sur les espaces. S’il travaille principalement dans l’espace public, la page de papier est aussi une surface sur laquelle il décline sa forme. En effet, même lorsque ses oeuvres peuvent ressembler à une image ou un texte, elles ne se réfèrent à rien, devenant un signifiant sans signifié. Une forme noire se répète sur les murs de la galerie Victor Sfez. Ce cheminement linéaire crée un labyrinthe. Le spectateur est invité à faire cheminer son regard, à suivre un parcours…
Un rythme, comme une partition émane de cette peinture in situ. Elle crée une perte de repères spatiaux tout en redonnant de nouvelles lignes architecturales à la galerie. Une suite, une impression de possible débordement se laisse imaginer.
Entre l’intérieur et l’extérieur, plus de limites. Les bandes noires guident le promeneur, l’incitant à contempler l’environnement, cette place historique. Telles des marqueurs urbains, elles relient la diversité des styles architecturaux.
Ainsi, l’oeuvre de Dima Gred s’inscrit dans une règle du jeu : une infinité de possibles dans un cadre défini.