L’univers artistique de Chloé Poizat est riche en références, mélange de fiction, de rêve, ou plutôt de cauchemar. Elle emprunte à différentes cultures, aussi bien à la série B qu’à la littérature, à des photographies, des images qui l’inspirent pour interroger l’avenir de notre société, à l’ère de l’anthropocène. Ses œuvres jouent sur l’illusion, sur les capacités de l’image à semer le trouble.
Et si la nature venait à disparaître ? Si un étrange événement se produisait modifiant la terre ? Chloé Poizat a imaginé l’histoire d’une ruine. Pour la galerie Tokonoma, elle propose une installation : Sculptures, peintures, photographies composent un monde en transition, métamorphosé, hors du temps, où les humains, les plantes, les animaux se retrouvent échoués, témoignage d’un bouleversement.
Dans les sculptures telles des vestiges, des totems, des fragments de corps humains reposent sur des branches, des éléments naturels ayant subi une singulière transformation… Ces micro-paysages renvoient à la fois à nos inquiétudes, à nos peurs et à notre interrogation sur le devenir de la planète et au chamanisme, aux rites. L’artiste propose une vision d’un monde entre le catastrophique et le fantasmagorique, entre ce qui résiste et ce qui se transforme.
Dans ses peintures, les arbres brûlés, supports à d’étranges êtres, mi-animaux, mi-végétaux, ont résisté, traces d’un puissant phénomène… De loin, des couleurs vives attirent notre regard, la catastrophe acquière une certaine beauté. De près se révèle un paysage calciné. Sa série de peintures automatiques suggèrent des paysages mouvants ; Des flux, des cheminements, la possibilité d’un univers incertain, en formation, où se perdre. Ces peintures créent un lien entre le monde que nous connaissons et celui à venir.
Des cercles colorés, couchés de soleil symbolisent la déclinaison de notre environnement, d’une terre qui se délite, dont il ne reste que poussière.
Des éléments des sculptures se retrouvent dans les peintures, circulation de formes, de matières indéfinissables… comme si elles allaient s’étendre, se disperser dans l’espace.
Même si l’atmosphère paraît sombre, un certain humour surgit : Les organismes, nouveaux habitants, sont comme en train de recoloniser ce nouveau monde.
Une bande son invite aussi à un voyage dans une contrée lointaine : des profondeurs de la terre surviennent des créatures, résistantes. Telle une empreinte, elle fait remonter à la surface des ambiances d’une période révolue. On se laisse porter, explorateurs de l’inconnu.
Cette installation plonge le visiteur dans un monde étrange, qui renvoie à des mythes de diverses cultures, de croyances et d’incantations. Métamorphose, mouvement, illusion, de la ruine à la recréation fondent cette œuvre, ces « nouvelles fictions ».
Une exposition de Chloé Poizat à découvrir absolument jusqu’au 9 décembre à la galerie Tokonoma, Paris.