Après un premier volet au centre d'art L'Onde de Vélizy-Villacoublay, l'exposition Microscopie du banc a pris place à la Graineterie, centre d'art de la ville d'Houilles. Aline Gheysens, la co-commissaire a pris le parti d'interroger le banc pour tous les sens et réflexions qu'il convoque. Dans la première exposition, les œuvres mettaient en évidence la faculté de cet objet à encourager l'arrêt, la contemplation, un moment de solitude, une propension à la pensée.
Ce second volet prend appui sur la notion d'altérité. Pour Aline Gheysens, « Le banc permet d'interroger le rapport à l'autre et à l'espace ». Cette deuxième phase est une suite de la première : les projets mis en place sont redéployés tandis que les œuvres rendent compte du banc dans sa capacité à provoquer le partage et la communication.
À nouveau, la mise en place de l'exposition prend appui sur l'architecture du lieu. Si, dans la première exposition, le spectateur se promenait dans une sorte d'espace labyrinthique, à la Graineterie, le parcours se fait de façon progressive : au fur et à mesure, le visiteur découvre la multiplicité des propos de l'exposition. Dans la première salle, les photographies de Brigitte Bauer révèlent combien la situation et l'emplacement du banc peuvent déterminer nos comportements, notre attitude et notre positionnement sur celui-ci. Ann Veronica Janssens a fait du banc une surface d'inscription sensible. Dans la verrière, le collectif Raumlabor a rejoué une scénographie à partir de bancs et de tables démontables empilés. On y retrouve « Le cabinet des absents » dans lequel Aline Gheysens a retracé ses recherches durant la préparation de l'exposition. La chorégraphe Julie Desprairies a eu carte blanche pour présenter un ensemble de vidéo d'artistes, qui témoignent de son univers, des espaces urbains aux musées, l'architecture et les bancs la guident pour écrire sa danse. Dans une petite salle, le visiteur est incité à s'arrêter, à prendre le temps de s'asseoir et d'écouter un environnement sonore, œuvre de Laure Bollinger. Ce moment de repos offert dans l'exposition permet de rêver et de faire surgir des idées. Le banc véhicule aussi les systèmes d'organisation de l'espace public. Tel que le suggère Francis Cape dans son projet Utopian Benches, le banc engage les relations et le partage. S'asseoir sur un banc lèverait toute hiérarchie entre les individus. Au dernier étage, les œuvres convoquent l'imaginaire du spectateur et l'invitent à se projeter ailleurs. Par exemple, dans ses photographies, Philippe Ramette montre des points de vue décalés sur le paysage.
Ici, le banc est aussi considéré comme un dispositif de rencontre, de connaissance de soi et de son propre corps. Julie Despairie fut invitée à proposer un atelier de découverte chorégraphique au cours duquel, elle proposait de reprendre conscience de son corps. Les habitants de la commune furent également mis à contribution. Ces images sont diffusées sur le site Internet de La Graineterie en parallèle de l’exposition. De plus, comme lors du premier volet, l'exposition se poursuit à l'extérieur avec sur un mur, un ensemble de diptyques photographiques, envoyés par un grand nombre d'artistes, qui ont répondu à un appel à contribution.
Finalement, « Microscopie du banc » offre une diversité de regard sur le banc, sur ses usages et sur les comportements que ce mobilier implique. Cette exposition incite à prendre conscience de notre relation à l'espace urbain. Au delà, elle ouvre des réflexions sur les normes de l'urbanisme. Le banc constitue à la fois un objet qui influence nos façons d'être avec les autres et nous conduit à dépasser ses fonctions premières.
À découvrir jusqu'au 5 novembre
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