Estefanía Peñafiel Loaiza, fragments liminaires, une réflexion sur l’image et sur l’histoire

Estefanía Peñafiel Loazia utilise l'image photographique pour interroger l'histoire et rendre visible ce qu'on laisse caché. Au Centre Photographique d'Île-de-France, elle présente l'exposition "fragments liminaires", des œuvres choisies, sortes de fragments d'un processus de travail en cours. Le critique d'art Marc Lenot, lauréat du prix AICA France et de la critique d'art a réalisé avec la complicité de l'artiste, la scénographie comme un parcours subtile d'une grande cohérence où les différentes pièces et installations créent leur espace pour une expérience d'attention. Elles semblent tisser ensemble un même territoire.

Les images d'Estefanía Peñafiel Loazia sont marquées d'un manque, d'une absence qui intrigue. L'artiste, au travers d'une recherche sur le visible et l’invisible, travaille sur l'histoire, la mémoire et ses failles. La disparition symbolise ce qu'on tente d'oublier, de masquer. Dans une salle baignée dans l'obscurité, le visiteur découvre, au sol, des photographies aériennes du fort de Vincennes, qui défilent, apparaissent et disparaissent, dans un fondu troublant. Cette installation Les villes invisibles 3, l'étincelle (Vincennes 2008) met en lumière à la fois le processus de révélation propre à la photographie et des images témoins d'une histoire qui peut disparaître.

Dans la grande salle, elle a recréé L'espace épisodique, une installation conçue in situ pour le Centre d'art le Credac, en 2014. À nouveau, dans un lieu chargé d'un passé, l’œuvre, qui capte les marques du passage, fonctionne tel un palimpseste, qui se couvre de traces, un temps cristallisé.

Les œuvres ont souvent un rapport avec l'espace, les lieux, les déplacements, leur identité et l'imagination qu'ils font naitre. Estefanía Peñafiel Loazia invite ainsi à réfléchir sur son pays d'origine, l’Équateur. Sur un mur, une ligne est quasi perceptible : Mirage(s) 2. ligne imaginaire (équateur) qui trouble le spectateur. Elle révèle combien les mots symbolisent ce qui nous échappe.

Dans l'ensemble, les œuvres incitent à un aller-retour entre ce qui est caché et ce qui est déplacé, rendu ainsi visible. L'artiste propose alors de déplacer notre regard sur l'image, symptôme de sa puissance dans notre société.

fragments liminaires, une exposition d'Estefanía Peñafiel Loazia à découvrir jusqu'au 28 juin.