Exposition de Luc Doerflinger, Franck Girard, Daniel Mestanza : des oeuvres habitent un lieu

Luc Doerflinger, Franck Girard et Daniel Mestanza se sont installés dans la somptueuse bâtisse d'inspiration mauresque La Douëra, à Malzeville (54). Les artistes y ont disposés leur univers artistique et invitent le spectateur à y activer son imagination. Si chacun a composé son propre espace dans le respect du lieu, trois mondes oniriques semblent se faire écho.

Pour Luc Doerflinger, la peinture est une quête, un travail plastique à construire en fonction du projet d'exposition. Ses motifs récurrents (biches, manchots, cygnes, formes oblongues…) sont les métaphores du peintre. Ils expriment un état en transition et permettent d'interroger le processus créateur. Les personnages, adolescents, ajoutent un ancrage dans le réel. Telles des images évanescentes, ces figures dialoguent ensemble. L'artiste a ainsi créé, pour le grand salon, un ensemble de peintures, de format ovale et compose ainsi un possible récit. Ces "réels fantômes", en suspens, habitent le lieu. Luc Doerflinger met en œuvre sa recherche sur la perception de la peinture. Ici, elle varie selon les effets de la lumière naturelle, qui transperce la salle, au cours de la journée. Il a également disposé dans le petit salon Meixmoron des petits cadres ovales qui magnifient gravures, dessins et aquarelles. Ceux-ci peuvent être également perçus comme des objets qui nous rattachent à un événement gardé en mémoire. Ces ellipses fonctionnent comme des espaces de projection. L'artiste réussit donc à intégrer subtilement ses œuvres dans les espaces d'exposition.

Franck Girard, collectionneur d'images et d'objets, développe une riche production de dessins et de sculptures. Ses œuvres délicates dévoilent des créatures animales, des éléments et des formes organiques. Elles mettent en scène des sortes de métamorphoses, entre réalité et fiction. De ses multiples dessins, petites sculptures et objets en plâtre et plomb, il imagine "le refuge des mulets". Ce travail transversal active des échanges, des relations possibles entre des éléments issus de différents mondes. L'artiste fait ainsi naitre un univers singulier et poétique.

La démarche de Daniel Mestanza est marquée par son désir de créer des dispositifs scéniques, des objets en mouvement ou à manipuler. Pour cette exposition, l'artiste a produit un ensemble d'ex-votos, des petites objets qui évoquent des divinités et font écho aux rituels sacrés. Il nous interroge sur notre relation au mystique et sur les représentations à la fois historiques et populaires de ces petites figures incantatoires. Face à cette collection de petits gris-gris, notre émotion vacille entre angoisse et humour.

On apprécie l'humilité des artistes face à la force de l'architecture. Certaines œuvres font surgir une présence, tout en préservant la puissance de leur lieu d'accueil. D'autres intègrent les espaces de liaison et créent une nouvelle ambiance qui masque les multiples usages du bâtiment.