Morgane Denzler utilise la carte comme objet de projection d'un paysage. Découpée, elle devient support d'une recomposition d'un territoire. L'artiste décale notre regard sur la représentation cartographique pour nous proposer des expériences de contemplation d'un site. Elle utilise deux types d'images pour révéler les manques que sous-tend notre pensée occidentale du paysage. Ses œuvres jouent sur le renversement des codes de la carte : ceux-ci apparaissent comme faisant partie de la photographie.
Dans la galerie Bendana-Pinel, Morgane Denzler est allée jusqu'à créer un quadrillage, dessin dans l'espace, écho à la carte dépliée, pour y disposer ses images. L'encadrement des tirages participe également de son travail sur le décentrement du regard porté sur les chaines de montagnes. Ses œuvres, intitulées Fragments et Point de vue/variation, témoignent de deux conceptions de notre rapport au paysage : la relation sensible de l'homme face à la nature et sa volonté de vouloir cadrer et géométriser le monde pour mieux le rendre visible. Le spectateur, face à la puissance de ses images, peut alors éprouver un sentiment proche de celui du sublime.
Ainsi, on peut voir, au travers de cette exposition, le désir de l'artiste de laisser en suspens la cartographie, à la fois comme support plastique et outil de réflexion théorique sur notre perception du monde. Un jeu entre la carte postale et la cartographie ajoute une possible nouvelle lecture.
Maps in progress, exposition de Morgane Denzler à la galerie Bendana-Pinel, Paris, à découvrir absolument jusqu'au 5 mars