La force de l'expérience esthétique et réflexive des œuvres de Miriam Cahn a trouvé sa reconnaissance à la Städtische Galerie d'Offenburg. L'exposition qui lui est consacrée est le fruit de son prix artistique décerné récemment.
Cette artiste suisse, issue du courant féministe, est profondément marquée par le mouvement anti centrale nucléaire. Elle développe une pratique artistique « corporelle », qui se retrouve dans l'ensemble de son travail : geste artistique et sujets représentés sont reliés dans son processus créateur. Le parcours de l'exposition, où chaque salle est consacrée à l'exploration d'un médium, permet de découvrir la richesse des thématiques explorées et leur puissance réflexive chez le spectateur.
En guise d'introduction, une série d'images forme un horizon tout le long des murs de la première salle. Le regard navigue à travers une séquence de peintures, de dessins et de photographies de paysages, de portraits, d'animaux, de photos aériennes…
Dans ses dessins, elle exprime le rapport de l'homme à l'architecture et témoigne de notre relation aux espaces, lieux de vie, de travail où se révèle parfois une dimension carcérale. Deux grands dessins frappent le regard par leur composition et le paysage auquel ils renvoient : un ensemble industriel, qui semble à la fois s'effondrer et continuer de marquer sa puissance d'enfermement sur l'ouvrier. D'un geste vif et expressif, l'artiste laisse également la trace de son empreinte, traduisant un parcours des usines.
Plus récemment, Miriam Cahn expérimente la peinture à l’huile et les couleurs vives. Si ses paysages colorés attirent le spectateur dans un espace infini et éclatant, ils font écho aux transformations désastreuses des territoires et font presque oublier les effets destructeurs des bombes.
Tout au long de l'exposition, personnages et animaux apparaissent de façon récurrente : corps féminin, corps masculin, corps fragmenté et corps d'animal sont pour l'artiste une référence à son corps comme instrument de sa pratique. Les corps nus, aux couleurs vives et parfois esquissés d'un trait naïf expriment un sentiment d'angoisse. Leurs visages nous interrogent et nous révèlent notre condition humaine, désemparée.
Ainsi, l'exposition offre une expérience où attirance pour les couleurs et l'expressivité du geste est mise en tension avec la puissance de ce qui se dégage des corps et des espaces représentés.
Miriam Cahn, bestandesaufnahme, exposition à découvrir jusqu'au 18 janvier
Städtische Galerie, Offenburg (Allemagne)
MIRIAM CAHN. bestandesaufnahme
Großformatige, in ihrer Farbigkeit pulsierende Gemälde zeigen nackte Menschen, jedoch ohne jeden Anflug von pornografischer Detailliertheit. Kleine Zeichnungen geben Panzer, geballte Fäuste und …