Mille terres, mille vies : l’abbaye de Maubuisson devient bibliothèque des terres de Kôichi Kurita

Kôichi Kurita a, depuis les années 1990, constitué une bibliothèque de terres. Il a fait de son œuvre et de sa vie un voyage. Considérant la terre comme un patrimoine collectif, cet artiste japonais ne prélève que dans des endroits où il y a une activité humaine. L'abbaye de Maubuisson, dans le Val-d'Oise a pour particularité d'inviter des artistes qui travaillent en écho avec l'histoire ou l'architecture d'un lieu. L'artiste a donc été invité à y déployer son œuvre in process dans les différentes salles de l'ancienne abbaye.

Kôichi Kurita expose la terre pour elle-même, montrant la diversité de ses couleurs. Il s'est emparé de l'histoire du site pour créer ses installations. Marqué par la spiritualité, il fait référence aux symboles orientaux, aux activités quotidiennes et aux résidentes de l'abbaye. Autour d'un pilier, dans la salle du parloir, il a installé sur un socle rond, 108 coupelles de terres séchées du Japon. L’œuvre fait écho à l'infinité du temps et à la circonférence de la terre.

Dans la salle du chapitre, sur une grande table en ellipse, ancrée autour des deux colonnes centrales, sont installés 365 flacons de terre, selon un ordre chromatique. L'installation invite à un parcours à travers les différents sites de collecte, en Poitou et dans les Charentes. Dans la salle des religieuses, au sol, l'artiste a créé Notre terre Votre terre : sur du papier japonais sont disposés plus de 1000 échantillons de terres. Ce plateau est organisé de manière chronologique et permet ainsi de suivre le voyage de l'artiste. Les carrés de terre, témoignage des multiples couleurs possibles, se joignent à la palette de couleurs des carreaux du sol. Ici, la terre se révèle être une offrande aux religieuses qui ont vécu dans l'abbaye. Dans l'ensemble, la terre est utilisée comme matière artistique. De ses différentes collectes, Kôichi Kurita crée ainsi des installations entre dessin et sculpture. Dans les anciennes latrines, il propose au spectateur une expérience esthétique plus réflexive et mémorielle. Sur un socle, dans une petite fiole, il dévoile la terre prélevée à Fukushima, quelques jours avant le tsunami du 11 mars 2011 et la catastrophe nucléaire qui s'en est suivie.

Si on peut percevoir des références à la religion bouddhiste et à l'histoire de l'abbaye, Kôichi Kurita travaille dans une quête spirituelle, qui permet une ouverture à l'imagination. Il affirme d'ailleurs qu'une œuvre d'art doit être un dispositif assez ouvert pour que tout le monde puisse se contempler soi-même.

Ainsi, Kôichi Kurita propose une exposition qui incite à la méditation, à la contemplation et à voyager. Le spectateur peut déambuler pour observer une par une ses mille terres comme un camaïeu de couleurs et de matières.

Jusqu'au 5 octobre, à l'abbaye de Maubuisson (95)

4 commentaires

  1. Je trouve cette expo superbe, une bonne idée les terres, et le décor, somptueux, merci Pauline.

  2. Je trouve cette expo superbe, une bonne idée les terres, et le décor, somptueux, merci Pauline.

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