Wilfrid Almendra s'intéresse à l'architecture et aux lieux habités. Il observe avec sensibilité la manière dont les personnes s'approprient leurs espaces de vie. Habitué à travailler avec des matériaux récupérés pour révéler le quotidien d'individus qui poétisent leur habitations, il recrée l'esprit du jardin ouvrier.
En poussant la porte des églises, nous pouvons découvrir une serre qui abrite un jardin éphémère. Des parois vitrées récupérées forment des clôtures au travers desquelles se révèle un tableau de végétaux. Wilfrid Almendra a composé son jardin comme un paysagiste. Les plantes sont toutes des végétaux banals, résistants et domestiqués. Ils semblent pousser anarchiquement, prêts à écarter les parois. Dans les églises, l'installation révèle une certaine fragilité et donne envie de regarder au delà des cloisons. L'artiste a ainsi composé un espace qui incite à faire l'expérience d'une réalité cachée.
Dans la deuxième église, Wilfrid Almendra a composé un espace de vie et de partage autour d'une sculpture en cuivre. Cette œuvre rappelle également le poids du temps sur le matériau. Un plafond suspendu découpe la vision des vitraux comme pour suggérer un nouveau système de lumière qui accélérerait le processus du temps sur la matière. Cherchant à témoigner du quotidien des ouvriers, il transmet par un poste radio des poèmes écrits en portugais par son ami maçon. Ces ondes se diffusent au-delà du centre d’art pour créer un échange entre le lieu institutionnel et la ville.
Wilfrid Almendra a ainsi créé un environnement qui semble à la fois stable et précaire. Il emporte le visiteur dans une atmosphère fluide constituée de sons, de végétaux, d'insectes, et de matériaux récupérés. L'espace des églises est devenu le territoire d'un partage de situations oubliées.
« Between the Tree and Seeing it », une exposition de Wilfrid Almendra, à découvrir jusqu'au 11 mai.
Au centre d'art contemporain, Les églises, Chelles (77)