En marchant, une exposition monographique de l’artiste Hamish Fulton au Centre Régional d’Art Contemporain du Languedoc-Rousillon



En marchant, une exposition monographique de l'artiste Hamish Fulton au Centre Régional d'Art Contemporain du Languedoc-Rousillon

En marchant (walking) n'est pas seulement l'exposition monographique d'Hamish Fulton, c'est aussi un projet réalisé pour et avec le Centre Régional d'Art Contemporain du Languedoc-Rousillon : l'artiste, qui marche depuis quarante ans à travers le monde, a réalisé une marche de 23 jours à travers les Pyrénées. "Si je ne marche pas, je ne peux pas faire une œuvre d'art" constitue pour l'artiste le principe de sa démarche. Depuis 1973, il a décidé que cette expérience sera son travail artistique.
Il traduit ses marches par le langage (mots, langues, écritures) et par la photographie, ce qui le distingue de son ami artiste marcheur Richard Long. Hamish Fulton avoue que la marche dessine une ligne qui ne s'effacera pas dans le paysage. Ce qu'il restitue de la marche, ce sont les lieux, la date, le nombre de jours de celle-ci, dans une écriture poétique qui révèle l'instant vécu de l'expérience.

Pour l'exposition qui marque son grand retour en France, il a réalisé in situ seize wall-paintings (peintures murales) qui invitent le visiteur à lire ses paysages traversés. Dès la première salle, une carte de l'Europe présente les différentes marches qu'il a réalisé jusqu'en 2012. Face à face, deux wall paintings Mountain skyline traduisent le dessin monumental de la ligne de crête des montagnes. Elles peuvent également suggérer le chemin linéaire que l'artiste a parcouru. L'échelle des peintures est à l'échelle de ses longues marches, traversées dans le paysage. Hamish Fulton les compose à l'aide d'aphorismes qui éveillent les souvenirs et la force de la marche vécue intensément par son corps. Pour certaines, il utilise des symboles empruntés au langage graphique chinois pour révéler le chemin de ses marches. Le texte et son emplacement sont toujours liés à un type de marche. Dans l’œuvre Les Noms des Rivières et Ruisseaux traversés sur les Ponts, l'écrit dessine la sinuosité d'un cours d'eau. Dans d'autres wall paintings, il utilise aussi le symbole du cercle, pour signifier que plusieurs de ses marches sont réglées sur le cycle lunaire. Hamish Fulton s'intéresse aux peuples qui vivent près de la nature mais également à différents modes de pensées (animisme, bouddhisme, zen). Ceux-ci viennent se greffer à sa pratique artistique et l'incitent à penser ses marches selon des cycles et des temporalités liées à la logique du pèlerinage ou à la randonnée. Ses expériences l'amènent à ressentir un état de conscience propre de la méditation et du respect de la nature. Les couleurs des peintures renvoient d'ailleurs aussi bien à une symbolique qu'aux sentiments de l'artiste.

En lisant, le spectateur devient lui même un marcheur invité à parcourir le site du centre d'art. Chaque wall painting est conçue pour un endroit spécifique et l'ensemble redéfinie ainsi une autre perception du lieu. Ce projet est révélateur des projets de marches collectives que l'artiste a entamé depuis quelques années. Une marche en Angleterre est d'ailleurs présentée dans l'exposition. Une série de cinq photo-textes encadrées relative à une marche est également exposée. Les mots y attirent le spectateur sur les caractéristiques du sentier.

Les marches d'Hamish Fulton permettent de repenser le rapport de l'homme au monde. Cette exposition met aussi en évidence les manières possibles de rendre visible une expérience, qui pour Fulton, ne consistent pas à décrire mais plutôt à évoquer. Le rapport au temps et à l'espace vécu par le corps sont au cœur de son processus artistique. Il peint, il écrit, il photographie, mais il se considère plus comme un artiste marcheur.

En marchant, une exposition d'Hamish Fulton, au Centre Régional d'Art Contemporain du Languedoc-Rousillon, jusqu'au 2 février.