Au-delà de cette frontière, votre ticket n’est plus valable, l’exposition-ouverture du Centre d’art Le Pavillon Vendôme de Clichy



Au-delà de cette frontière, votre ticket n'est plus valable, l'exposition-ouverture du Centre d'art Le Pavillon Vendôme de Clichy

A Clichy, passé le périphérique, l'ancien pavillon de chasse de la fin du XVIIe siècle est désormais un centre d'art contemporain. Son aménagement fut confié à l'agence Frenak & Jullien et le jardin qui rappelle les parterres de broderies des châteaux classiques fut dessiné par l'atelier Dots-paysagistes. Cette reconversion redonne vie à un joyau architectural, classé Monument Historique en partie.

"Au-delà de cette frontière, votre ticket n'est plus valable" interroge les différentes définitions du terme de frontière et invite une réflexion sur les passages et sur la relation des citoyens au territoire. Réunissant plus d'une vingtaine d'artistes contemporains, cette exposition propose au spectateur de parcourir des pays, de traverser des frontières, d'explorer, avec les œuvres, des espaces de transit. Son titre pourrait faire écho à la situation du centre d'art, en périphérie. Avec un jeu autour du ticket de transport, il suggère le rapport avec le changement de territoire.

Dès son arrivée dans le centre d'art et dans la première salle, le visiteur qui a pris son ticket découvre les Baga(t)ges de Blanca Casas Brullet : des sacs TATI gonflés à l'hélium évoquent les bagages, symboles de l'immigré. L’œuvre fait écho aux photographies de Thomas Mailaender qui montrent les voitures aux toits surchargés des immigrés. A côté, la vidéo de Brigitte Zieger Eldorado wallpaper invite le spectateur à contempler un paysage, sorte de papier peint dans lequel des petits personnages apparaissent et disparaissent, traversant des frontières. À la suite de ce premier voyage, la vidéo Centro di Permanenza temporanea d'Adrian Paci évoque l'aspiration à la citoyenneté et un espace de transit d'où on ne sait où iront les futurs migrants. Les photographies de Bruno Serralongue témoignent également de l'idée de passage mais cette fois à travers des objets. L'expérience du voyage et la difficulté d'arriver à bon port sont révélées dans les peintures de Claire Tabouret. Celles-ci introduisent l’œuvre de D.N./ Lætitia Delafontaine et Grégory Niel, une pirogue bleue ciel, en transit, suspendue par quatre piliers. Face à celle-ci, le paysage réalisé en tir de pistolet Borders / North Korea d'Alain Declercq marque une étrange force et violence, mêlée d'une certaine beauté liée à un imaginaire personnel. Dans une autre salle, Chourouk Hriech propose un walldrawing et une sculpture qui tout deux se font écho dans leur abstraction et radicalité du dessin et de la découpe. Le dessin de ville vue d'en haut joue avec les passages de la salle et suggère ainsi une frontière dessinée. Les questionnements sur les zones politiques et intimes sont également présentes dans la vidéo de Javier Tellez qui retrace une réaction collective face à la frontière entre les États-Unis et le Mexique et particulièrement dans les photographies de Natacha Nisic, qui révèlent le no man's land qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud.

Dans la cour du Pavillon Vendôme, Many Dreams de Martine Feipel et Jean Bechameil est un bus à échelle 1 échoué, égaré et figé. Il laisse le visiteur en émoi et fait résonner en lui de multiples histoires.

Cette exposition incite à penser nos rapports à l'immigration, à la quête d'un pays, au voyage qui peut-être n'aboutira pas, aux objets qui laissent des traces : des réflexions symptomatiques des interrogations liées à la mondialisations et aux frontières politiques encore sensibles entre certains pays.

A découvrir absolument jusqu'au 5 janvier au Pavillon Vendôme – Centre d'art contemporain de Clichy.