A travers la présentation des œuvres de douze artistes contemporains issus de différents horizons, l'exposition "Point de repère" met en lumière les marques et les traces qui nous servent à nous orienter. Aujourd'hui, les artistes réfléchissent à la notion de "territoire" et à celle de frontière. Si l'homme a toujours cherché à positionner des points de repères pour se situer dans l'espace et dans le temps, il a su dresser des cartes, d'abord à la fois géographique et symbolique, sur lesquelles le talent des dessinateurs se révélait dans des représentations de personnages, d'animaux ou d'îles imaginaires et insolites. De nos jours, les cartes de plus en plus précises et les logiciels informatiques permettent de s'orienter beaucoup plus facilement et de maîtriser notre position sur terre. Les artistes ont trouvé dans la cartographie, un support, un concept et une réflexion qui leur servent à créer des œuvres qui jouent sur les notions de territoires, de repères, de mémoire, de paysages traversés et de frontières réelles ou imaginaires.
Les sculptures pliables d'Anne Mangeot nous rappellent les cartes sommaires réalisées avec des matériaux naturels. Les branches de bois de saule liées ensemble par du fil de chanvre dessinent des chemins, des routes, des ruisseaux… ou bien délimitent des territoires… Les dessins de Jean-Philippe Aubanel nous dévoilent, sous les courbes de corps entrelacés et enlacés, des collines, des montagnes et d'autres reliefs paysagers qu'il nomme Paysage amoureux, complété du nom d'un département. Cet artiste fait se mêler subtilement corps et paysage pour dresser une cartographie de corps, des liens qui se créent entre les membres des corps des amoureux ou l'esquisse d'un paysage contemplé. Philippe Favier a conçu, lui une cartographie aussi précise que poétique. Dans ses petites géographies imaginaires (photo ci-dessus), un univers cosmique où des petites histoires, des cheminements nous font rêver. Marc Desgrandchamps, dans ses toiles, représente des paysages aux couleurs étranges, qui nous font penser à des vues de territoires rêvés ou bien à des visions nocturnes. Christine Crozat dévoile, à travers ses séries de dessins, les traces de paysages traversés. Pascal Poulain est lui, plus attaché à la toponymie. Sur une immense carte à l'échelle de l'Europe, il n'a gardé que les noms de villes, seuls repères géographiques de sa carte. Vincent Gontier propose Horizon III, 102 croquis-sculptures, une ville miniature pour laquelle il a créé chaque bâtiment à l'aide de papiers journaux pliés et fixés ensemble par des blocs d'acier. Guy Limone s'intéresse plus aux notions de frontières, aux peuples et aux identités. Avec ses tableaux et installations, il suggère les diversités et l'unité qui caractérisent le territoire de notre planète.
La photographie est également très présente dans l'exposition avec les séries de Jacqueline Salmon et de Véronique Ellena. Jacques Damez propose une installation qui pourrait être digne d'un paysagiste voulant situer un territoire, à partir de photos et d'une carte IGN agrandie.
Cette exposition nous invite à parcourir des territoires réels ou fictifs, à nous plonger dans des cartographies sensibles et à contempler des paysages propices à faire fonctionner notre imagination.
"Point de repère", une exposition à découvrir absolument jusqu'au 15 septembre
au Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône (69)