De l’Allemagne de 1800 à 1939, une exposition pour voyager géographiquement et mentalement, au Louvre, Paris



De l'Allemagne de 1800 à 1939, une exposition pour voyager géographiquement et mentalement, au Louvre, Paris

Le musée du Louvre propose une exposition atypique consacrée à l'art en Allemagne durant la période 1800-1939. Ce parti pris permet de mettre l'accent sur le développement historique et philosophique d'un art qui se déroule dans un pays aux mutations très fortes. Il s'agit de mettre en lumière trois grands mouvements où les artistes se sont différenciés, parallèlement à un contexte social et artistique en changement radical. Avant de découvrir le parcours historique proposé, nous sommes invités à contempler les immenses gravures de l'artiste contemporain Anselm Kiefer. Pour l'exposition, en fait de 1982 à 2013, cet artiste a réalisé un paysage qui créé une sorte de décor de théâtre. Il a représenté certains paysages allemands, des bâtiments symboliques et des phrases clefs pour témoigner d'un certain hommage et d'une mémoire au pays.

L'exposition, à son début, peut paraître comme une véritable histoire de l'art en Allemagne ; elle est, en réalité, plus un parcours thématique lié à des idées artistiques et des développements esthétiques. Dans la première section intitulée "Apollon et Dionysos", on découvre des peintres qui s'attachent à une représentation traditionnelle liée à une esthétique de l'idéalisme qui régnait dans l'Antiquité greque. Les dessins académiques d'Overbeck en témoignent. Dans les œuvres de Johann Anton Ramboux, la beauté du paysage permet une certaine distance avec la scène religieuse représentée. Ensuite, on prend connaissance d'œuvres qui relèvent un style un peu archaïque, au service d'une dynastie d'empereurs. Après, les artistes se sont retrouvés plus libres dans leur imagination. On apprécie de contempler des peintures aux éléments merveilleux. Les peintres allemands ont su s'inspirer des contes populaires pour créer des paysages où se déroulaient des scènes étranges. Moritz von Schwind se plait à représenter des scènes aux personnages géants ou minuscules dans le paysages. La cathédrale était, pour les artistes, à la fois sujet de rêverie et utopie politique. Les dessins de Johann Anton Ramboux marquent la puissance symbolique de la cathédrale de Cologne. Dans un autre registre, la représentation de l'église gothique en ruine de Carl Blechen en fait un élément architectural envahi par une nature d'une grande force. La cathédrale représentée par Friedrich, elle, semble être déjà imprégnée d'un aspect fantastique. Le parcours des œuvres nous ramène à nouveau vers un retour vers l'Italie. C'est aussi un retour de la représentation d'hommes nus dans des paysages notamment dans l’œuvre de Hans Von Marées. Avant de calmer les esprits des spectateurs, l'esthétique liée à Dionysos réapparait. Les œuvres témoignent d'une exaltation des puissances des corps et des forces de la nature. Les peintures de Böcklin sont riches en couleurs crues et montrent des corps exaltés et en mouvement.

La deuxième section nommée "L'hypothèse de la nature" est un appel à la contemplation de la nature et des paysages. On prend connaissance des théories de Goethe sur la nature et les formes naturelles. Les œuvres de Paul Klee complétées de la présence des ses herbiers marquent un paysage d'œuvres botaniques et liées à une observation des caractéristiques géologiques des paysages. Les peintures de Carl Gustav Carus sont remarquables par leur force de détails géologiques. Place ensuite au peintre romantique de paysage bien connu Gaspard David Friedrich : Notre regard est amené à observer la force de ses paysages de montagnes. Leur cadrage sont dynamiques et amènent le regard à cerner les formes et à prendre conscience de ses limites. Notre œil est attentif à la fois à l'ensemble et aux détails de paysages brumeux, lumineux et surtout monumentaux. L'exposition nous dévoile également un peintre de paysages et de villes allemandes.

La dernière partie de l'exposition "Ecce homo" est plus sombre et nous plonge dans l'univers des villes allemandes en mutation. La figure humaine est représentée par les artistes qui se penchent sur la condition de l'homme moderne. Adolph Menzel a représenté les visages de tout type d'âge et de caractères humains. Il a aussi dessiné des vues urbaines et les cheminées d'usine, témoignages de l'évolution des villes industrielles. Le visage de l'exposition se fait encore plus noire avec des œuvres réalisées après la 1ère guerre mondiale. Otto Dix est le représentant d'un expressionnisme allemand dur et surtout très noir. Ses dessins et gravures témoignent de la cruauté de la guerre. Grosz, lui a caricaturisé la bourgeoisie allemande dans des peintures aux couleurs criardes. La descente de croix de Beckman et Le prophète de Jakob Steinhardt sont des œuvres monumentales et puissantes dans l'expressivité des regards des personnages et dans la composition. On peut également découvrir les photographies d'August Sander et les peintures de Christian Schad, tous deux issus du mouvement de la nouvelle objectivité allemande.

Cette exposition met en lumière une histoire de l'art en Allemagne durant une longue période de changements à la fois esthétiques et philosophiques. Le parcours est riche en œuvres et on peut découvrir des curiosités de certains artistes. Notre parcours est rythmé par un accrochage d'œuvres qui incitent aussi bien au repos du regard et à une certaine sérénité qu'à un tumulte et une force.

De l'Allemagne de 1800-1939, une exposition à voir absolument jusqu'au 24 juin

Musée du Louvre, Paris