Koenraad Dedobbeleer a troublé nos repères au sein du centre d’art : il a modifié les éléments des mobiliers et espaces d’accueil. On ne sait si certaines pièces font partie ou non de
l’exposition. Les oeuvres présentées semblent déjà appartenir au lieu, et pourtant les bancs, pots de fleurs et autres petits éléments sont des sculptures de l’artiste.
L’artiste belge réussit à nous tromper et joue avec notre regard
sur l’objet. Ses pièces sont toujours à la limite de la sculpture et de l’objet usuel, fonctionnel. Certaines sont en suspension, en équilibre, d’autres plus stables laissent à penser à une
possible manipulation. Dans la première salle, Koenraad Dedobbeler a installé des sculptures qui empiètent sur l’architecture et la mettent en tension. Une sorte de poêle caché sous une sculpture
n’est qu’illusion. Des poids sont suspendus et pourtant ils paraissent légers. Une immense structure dévoile une porte ouverte, là encore un leurre. Dans le hall, il a installé des bancs, meubles
typiques de la modernité et des pots de fleurs. Il a rempli une grande salle de ses « sculptures dysfonctionnelles » : des structures en métal, des pierres, d’autres sculptures en bois. Certaines
sont en équilibre et jouent sur leur poids et inscription dans l’espace. D’ailleurs, elles s’inscrivent parfaitement dans l’espace d’exposition, ancien bâtiment industriel. L’ensemble fonctionne
en harmonie. Dans une deuxième salle, il a revisité une forme élémentaire d’habitat. Cette installation est à la limite entre le design et la sculpture. Elle convoque notre imaginaire. Elle
semble en référence à l’architecture moderne : un grand paravent, un foyer, deux tabourets en équilibre particulier.
Les titres des oeuvres paraissent être choisis de façon indépendante par rapport aux objets qu’ils recouvrent. Ils évoquent en réalité des questionnements, des réflextions. Sous la forme
d’aphorismes, ils nous font comprendre que le lien entre l’objet et le texte n’est qu’en fait souvent qu’un leurre. Par ailleurs, le titre de l’exposition même évoque le lien entre le
savoir-faire et la connaissance.
Les oeuvres de Koenraad Dedobbeleer convoquent notre double regard sur les objets, à la fois sculpture et fonctionnel. Cette exposition rappelle aussi la double facette de son travail, à la fois
artiste, commissaire d’expositions et co-éditeur de magasines.
Une exposition à découvrir jusqu’au 31 mars
Une rencontre entre l’artiste et le critique d’art François Piron aura lieu le 16 février à 16h.
Pour plus d’informations, le site internet du Credac (Ivry)