Le musée des Beaux-arts de Nancy a ouvert une salle d'exposition temporaire à l'artiste Alain Huck. Une installation de quatre dessins monumentaux plonge le visiteurs dans un univers graphique dense et étrange. L'exposition "Tragedy or position" dévoile à la fois un travail de dessin remarquable et un dispositif scénographique simple mais évocateur.
Chaque dessin peut être lu séparemment ou en accord avec l'ensemble. Les dessins au fusain sont nés à partir d'images existantes : peinture, photo, texte. Chacun est élaboré en plusieurs étapes. Alain Huck montre à la fois un travail de citation d'une image et de réintéprétation. Face au dessin, on cherche à desceller la référence correspondante, l'image support qui a servi à l'élaboration du dessin. Celui-ci révèle une matière travaillée, retouchée. Le choix du fusain permet à l'artiste d'évoquer les couches successives de travail mais aussi fait référence à une matière sensible en écho à une mémoire des images et du temps qui passe. Chaque dessin est élaboré selon un point de vue très différent : en contre-plongée avec Nebula, aérienne en plongée avec Position, classique avec Eden Block et frontale avec Tragedy. L'ensemble nous permet une lecture mouvante : notre regard vacille d'un dessin à l'autre. Plusieurs lectures sensibles peuvent s'établir entre chaque dessin. L'un nous amène à l'autre puis à un troisième et nous renvoie au premier. Ainsi, notre regard construit le sens de l'installation et des dessins. Pour Tragedy, Alain Huck brouille les pistes d'un livre ouvert. En face, Position est réalisé à partir d'une photo aérienne : Il y a à la fois un travail d'agrandissement mais aussi de matière et de texture. Pour Nebula, l'artiste a travaillé à partir de deux images superposées. Il évoque une sorte de Nébuleuse qui apparaît comme une image fantôme surgissant d'un monde antique. En face, Eden Block convoque aussi notre imaginaire : il présente une profusion de végétaux.
Il n'existe pas de fil conducteur direct entre les dessins. Des liens s'établissent au grès du spectateur mais aussi en fonction des points de vue et des sources utilisés pour les dessins. Ceux-ci interrogent notre rapport au monde et à l'image. L'ensemble nous plonge dans un monde à la fois imaginaire et tragique où nos points de repères se dilatent.