Annette Messager brodeuse, collectionneuse, bricoleuse nous livre, pour cette exposition, ses oeuvres les plus sombres. Elle regarde un monde qui se disloque et s’effrite, pris dans une ambiance
noire et catastrophique. Dans l’exposition, on retrouve le vocabulaire plastique de l’artiste qui brode et tisse des mots cette fois devenus d’une noirceur absolue. Annette Messager éventre des
peluches et fabrique des sortes de pantins en mouvement. Féministe, elle montre la femme dans son univers quotidien mais aussi évoque ce qui fait son identité.
Pour cette exposition, elle a créé de nombreuses installations en
mouvements, parfois dans le vent et qui semblent évoquer un monde carbonisé, une planète prise sous la terreur. Le vent souffle dans des résidus noirs. Les pantins mécaniques nous effraient par
leurs mouvements qui nous emportent vers un monde fantastique mais aussi perdu. A la fois en hauteur, au sol, suspendus et en mouvement, les continents noirs de l’artiste nous suggèrent un monde
étrange et surtout menaçant. Nous sommes pris dans un mouvement de torpeur où les éléments, fragments du monde tendent à survivre.
La première installation composée de sortes de pantins disloqués, pris dans un souffle, amène un sentiment de malaise comme si nous aussi nous étions emprisonnés, voués à nous cogner. Entre les
autres environnements noirs, de petites sculptures rappellent les préocupations de l’artiste qui opère, comme une magicienne, des peluches, prètes à être éventrées. Les installations fonctionnent
comme d’immenses théâtres d’ombres et jouent sur nos peurs d’enfants. L’expositions se clôt sur une image mélancolique où un voile transparant vient recouvrir les résidus noirs du monde qui a
disparu, vestiges d’un monde carbonisé au fil de l’exposition. Le mouvement s’est ralenti, comme si le monde s’était figé. D’ailleurs, le temps est très présent dans l’exposition. C’est d’abord
le mouvement, un souffle de vie qui anime ses pantins colorés et continents noirs mais aussi le temps qui passe avec la présence de l’horloge dans l’installation Sans légende.
Annette Messager a signé une exposition des plus sombres et affirme un monde étrange à la fois de bric et de broc évoquant l’enfance mais aussi le monde des adultes, inquiétant.
Une exposition à voir absolument jusqu’au 3 février