L’exposition Canaletto et Guardi se situe dans un véritable écrin, un hôtel particulier parisien, boulevard Hausmann. Il s’agit du musée Jacquemart-André, ancienne demeure de collectionneurs dont
la vie entière a été consacrée à la passion pour les objets et les oeuvres d’art. Le couple s’est spécialisé dans l’art italien et particulièrement venitien. Ce n’est donc pas étonnant d’y
trouver une exposition rétrospective sur l’oeuvre de Canaletto et ses suiveurs tels que Guardi. Celle-ci est née de l’intérêt international pour la veduta, peinture de panoramas urbains. C’est
surtout Canaletto qui fut connu pour cet art. L’exposition met en avant l’oeuvre majeure de l’artiste vénitien, en dialogue avec celle de Guardi mais également avec d’autres artistes de la même
période. Le déroulement du parcours nous dévoile les différentes visions de Venise et comment la cité des doges fut représentée par ces artistes.
Dans la première salle sont exposées les premières
veduta de Gaspar Van Wittel, de Luca Carlevarijs puis de Canaletto. On commence à rentrer progressivement dans l’art de cet artiste qui représente Venise comme un scénographe. Les toiles de
Canaletto sont d’une véritable précision quasi mathématique dans leur structure. Il s’attache à représenter une foule de personnages, les couleurs de Venise et les scènes de la vie quotidienne de
la cité. On comprend ensuite tout l’art de Canaletto à travers ses différentes représentations de la Place Saint-Marc, vue de différents angles. Canaletto use de cadrages étonnants, la foule est
toujours présente. On apprécie également de découvrir les dessins à l’encre de l’artiste d’une extrème précision et au jeu subtil d’ombre et de lumière.
Les salles suivantes mettent en lumière l’oeuvre de Francesco Guardi, son suiveur qui s’est progressivement détaché d’une représentation extrèmement précise, classique et idéaliste. Les oeuvres
de Guardi semblent révéler plus de sensibilité et d’expression. Venise nous apparaît comme plus réaliste mais aussi fantaisiste avec un grand jeu sur la lumière. C’est d’ailleurs le motif de la
lagune qui permet à Canaletto et à Guardi de révéler une certaine luminosité propre à Venise. Un autre artiste Bellotto a traité Venise comme un paysage quasi fantastique. Puis, ce sont les fêtes
à Venise qui ont inspiré les artistes de la veduta. Venise, cité des doges apparaît peuplée d’une foule de personnages mais aussi de regates. La dernière salle est consacrée aux Caprices : la
Venise imaginaire. Les védutistes se sont aussi amusés à composer des vues imaginaires de Venise avec un gout pour la ruine. Dans ces peintures, l’architecture mais aussi les éléments végétaux
sont plus présents. Canaletto et Guardi représentent des vues de Venise à travers des perspectives étranges dans lesquelles les arcs et colonnes constituent les premiers plans. La nature y
devient envahissante et apporte une touche de fantaisie.
Cette exposition met donc en lumière l’art de la veduta de la Venise carte postale. Canaletto et Guardi ont représenté la cité des doges, qui a toujours fait rêver, dans toute sa splendeur mais
aussi dans ce qui la symbolise avec une foule gigantesque. Venise, c’est aussi ses fêtes et sa lagune avec sa somptueuse lumière. Même si les oeuvres de Canaletto et de Guardi se rapprochent dans
leur sujets et manières de représenter., on trouve de subtiles différences entre deux peintres qui se suivent.
Une exposition à découvrir absolument jusqu’au 21 janvier
au Musée Jacquemart-André, Paris