Le Palais de Tokyo, récemment agrandi propose un exposition surprenante qui articule l’imaginaire et le processus créateur. Les espaces d’exposition se sont transformés en ateliers d’artistes où
chaque oeuvre semble être disposée dans son étape de création. Nous sommes entraînés au coeur de la démarche de création de l’artiste, entre désoeuvrement, rêverie, déplacement, détournement et
hésitation. La relation aux objets et à leurs oeuvres est parfois explicitement montrée par les artistes. Parfois, l’oeuvre est là et résulte d’un long processus de relevés et de participation.
La flânerie et la dérive urbaine sont en jeu. D’ailleurs, c’est ce que le spectateur est invité à faire dans cette exposition : il erre et parfois s’arrête…. Les artistes présents nous dévoilent leur procédé de créateur et le
cheminement qu’ils effectuent lors de l’élaboration de leur oeuvre. La démarche de Fernand Deligny est au coeur d’un projet social : il a fondé un réseau de prise en charge d’enfants autistes
dans les Cévennes. Et il leur a proposé de transcrire leur déplacements sur des cartes sensibles. Ses cartes présentées suspendues nous révèlent la sensibilité de ses enfants et nous dévoile à
quel point nos processus mentaux sont vecteurs de création. Raphaël Zarka pratique l’inventaire, la réplique et jouent avec les références historiques. Ses oeuvres naisent d’un véritable
processus liés à des référents qui ne se lisent pas à première vue. Il faut rentrer dans sa démarche pour comprendre son processus de création. Trisha Donnelly propose un travail séduisant et
abstrait à première vue mais en réalité il en résulte d’un travail plus complexe : elle a réduit l’information issue de conventions visuelles et linguistiques et a créé une série de frottages
agrandis. (photo ci-contre). Cette exposition remet bien sûr à l’honneur le travail du situationniste Guy Debord, qui mieux que lui parlait de dérives ?
En tout une vingtaine d’artistes son présents. Ils nous entrainent dans une perte des repères, parfois incompréhension de leur oeuvre, même si certains ont pour but d’explorer de nouveaux
processus de création et de les exprimer au travers de leur travail. L’ensemble paraît disparate et on ne peut s’attarder sur tout, comme lors des dérives urbaines pratiquées par les
situationnistes. Déjà l’architecture intérieure du Palais de Tokyo agrandi semble confuse, on se perd à tous les niveaux !
Une exposition à découvrir pour faire jouer son imaginaire mais aussi sa réflexion sur l’artiste, créateur et arpenteur.
Jusqu’au 7 janvier
Palais de Tokyo, Paris